mercredi 10 septembre 2008

La peau individuelle - Trafic et orifices III - Genitalia

Genitalia. Mâle : avec pénis. Femelle : avec clitoris, vagin. Hermaphrodisme ou ambiguë (Pseudo-hermaphrodisme) : avec l’un et l’autre de ces attributs génitaux. Circoncis : mâle au prépuce du pénis incisé ou coupé. Eunuque et castrat : hommes castrés, l’un pour la protection exclusive des femmes d’un harem (pénis et testicules coupés) et l’autre, pour sa voix aiguë de soprano ou d’alto (testicules seulement). Excisée et infibulée : femme châtrée – prépuce du clitoris incisé ou coupé; ou clitoridectomie partielle ou totale; ou infibulation par ablation totale du clitoris et des lèvres et vulve suturée avec un espace minuscule permettant d’uriner et d’écouler les flux menstruels. Transsexuel(le) : homme ou femme dont la transformation plastique et hormonale du corps permet de vivre son identité psychologique en tant que sexe opposé. À travers l'enfance, l'âge adulte et la maturité du troisième âge, nos organes génitaux évoluent avec nous, changeant de physionomie, transfigurant la reconnaissance de sa jouissance et de ses maux. De l'attraction sensuelle à l'attraction terrestre!

Quelles qu’elles soient, la condition de notre appareil génital et les pratiques de notre sexualité façonnent notre identité, nos appartenances sociales, états de pouvoir et soumission, statuts, modes de plaisir et de douleur, de communication et de créativité.

Les orifices de l’urètre et de l’anus sont tout près, intimement sertis à même notre genitalia pour nous rappeler que notre sexe est lui aussi un outil d’entretien, de ressourcement et d’élimination. Ces derniers contribuent à nos stimulations. L’usage de tous ces orifices permet d’entretenir nos relations, de créer de nouvelles avenues de plaisir, de créer la vie, d’éliminer l’obsolète, de s’accrocher à ce qui nous semble essentiel et de créer du sens par son vigoureux cycle de rinçage instigué selon les exigences apparemment erratiques de nos rythmes biologiques et de nos différences individuelles… En sus des menstruations qui font l’évidence d’un ménage ponctuel, les humeurs cycliques des femmes font qu’il leur est régulièrement difficile de retenir les vérités de leurs émotions. Pour l’homme, un cycle plus fréquent encore lui fait signal… suivant la fréquence de ses giclées, le rendant plus susceptible à une habituation et une désensibilisation que la femme en réduisant son rinçage à une vidée mécanique. Yin et Yang?

Opérant d’un principe du moment présent pressant, la pulsion sexuelle exige une attention plus ou moins immédiate qui, parfois s’insurge en travers de la raison, de toute planification et sens commun pour trouver résolution tant bien que mal. Mais il peut en être tout aussi vrai de la poussée identitaire. Ainsi, par le fantasme, le cerveau anime une part importante de notre sexualité. Sur cet écran, jouent tous les scénarios possibles et imaginables. C’est le propre de la condition humaine, entre contrôle et liberté, entre retenue et affluence des sens, entre soulagement temporaire et symbiose transcendante, entre sens et sensualité.

Notre apparatus sexuel et ses composantes physiologiques, psychologiques et symboliques intégrées sont hautement complexes et fonctionnent à partir de pulsions. Celles-ci sont composées de l’expression biologique du désir (expression hormonale et lubrique, excitation et sensibilisations qui grimpent par plateaux et paroxysmes), de croyances, de valeurs; et de motivations variables. C’est une faim qui fait saliver…. Et il y a autant de recettes que d’éléments pour plaire ou combler celle-ci! Aucune uniformité connue dans ce domaine…et ces différences soulèvent les passions. Exploration, mimétisme, envie, jalousie, possessivité, amour, haine, compétitivité…

L’expérience de son corps et de sa sexualité est unique et strictement individuelle. Néanmoins, la pulsion pousse naturellement à la recherche de symbiose avec l’autre, afin de vivre un moment conjoint de suspension dans le temps, afin de vivre une profonde expérience commune de synchronisation bioélectrique. Le coït est appelé «la petite mort» décrivant le moment de vide suivant le calibrage ionique du corps dans la jouissance qui précède le retour à ses sens. Le timing avec l’autre décuple cette sensation. Mariage des âmes et transcendance. C’est un peu la carotte qui fait courir le lapin!

Ces pulsions initient la reproduction, la survivance de l’espèce, servent de moteur pour l’ascension dans l’échelle sociale, d’outil pour le plus vieux métier du monde, de tranquillisant, de réassurance de son existence, ou pour y noyer son existence, en passant par degrés d’un partage éphémère à une relation durable, vecteur de toute la gamme des émotions et perversions. Et il y a le désert: le choix d'abstinence par moralité ou rébellion; il y a la panne sèche, l'irrévérencieuse absence de désir qui transpose un mal à vivre dans son corps ou dans sa tête; il y a les périodes de doute ou de besoins autres et puissants qui emportent toute la disponibilité de l'être. On prête un déterminisme aux différents types de pulsion sexuelle à la manière dont se sont jouées les premières affections avec les personnes significatives de sa vie. On tend à lier les pulsions sexuelles au bonheur. Mais, elles peuvent être une entrave au bonheur lorsque leur happening ne correspond pas à certaines attentes, certains besoins. On mêle aussi souvent les concepts de propriété, de religion, d’amour romantique et d’attachement à ce contexte, faussant la donne, du moins altérant la perspective de son analyse et sa fonctionnalité. On tend à mettre de plus en plus en valeur le plaisir de nos pulsions assouvies. On tend de plus en plus à se servir de mises en scènes pour parvenir à la jouissance. D’évanescente (qui nous fuit – invitant à la quête, à la poursuite de la transcendance), la jouissance devient éphémère (qui ne dure pas – donc obligeant de changer sa proie pour une autre, un contexte pour un autre, obligé à un éternel recommencement sans transcendance). La sexualité est tellement plus complexe qu’une mode qui passe, qu’un but à atteindre, que la prochaine consommation à porter au rébus une fois épuisée. Où est-ce là des qualités propres à la relation? La vérité est bien qu’il ne semble pas y avoir de règles, il y en a plusieurs, selon les époques et les cultures. Ainsi, par exemple, le sexe trans-générationnel est de mise, accepté, toléré, condamné, proscrit, ou essentiel à l’apprentissage, bouée de jeunesse, bouée de protection, droit de passage, asservissement aveugle, abus déshonorant et intolérable… quoiqu’il en soit, son existence a ses raisons d’être selon les époques, les pays, les religions ou croyances ou selon les temps de la vie et l'opportunité.

Ces dispositions du corps et de l’esprit tendant vers l’Universel peuvent omettre d’être présentes en cas de pannes de désir, tabous, frigidité, inexpérience, âge, malformations et caractéristiques physiques plus ou moins heureuses telles certains handicaps, petitesse et sur-dimension des appareils génitaux, etc. Et il y a les quarantaines : les organes génitaux ont la plus grande surface muqueuse du corps… et le plus grand zoo… se retrouvant en état de grande fragilité face aux maladies transmises sexuellement, aux infections, et aux blessures…dûes à la vigueur voire même à la violence des ébats. Et il y a les maladies telles le sida, que si elles ne représentent plus la mort certaine, elles n’en demeurent pas moins un risque permanent.

Aucun commentaire: