mardi 19 août 2008

La peau individuelle - Trafic et orifices II - Nombril et cordon ombilical

Le nombril du monde. L’homme au centre de tout. Esclave de son ego et asservissant autrui au service de son bien propre. Cet ego est un je qui perçois des informations, les traite ou en exprime, mais un je sans la conscience de lui-même, un je dans la négation de soi, de ses interrelations, de son interdépendance, de sa communauté, de sa pérennité, de sa mortalité. Un je comme celui d’un enfant.

Également appelé ombilic, le nombril est une cicatrice laissée au centre de la paroi abdominale où la peau est relativement immobile soit au milieu du ventre, vestige de l’orifice oblitéré du cordon ombilical qui reliait l’enfant au placenta et au corps de la mère en cours de grossesse. Il présente l'aspect d'un petit entonnoir concave ou selon, d’un petit promontoire surélevé à bords plissés. Étonnant qu’on y fasse référence pour affirmer ce qui le renie. Oublieux de son origine première, le nombril crée une attraction… Le nombril signe l’esthétisme du bikini. Le nombril figure bien au milieu de muscles abdominaux fermes et bien entraînés! Le nombril se démène dans la danse orientale du ventre. On retrouve souvent des dépôts adipeux autour du nombril. On retrouve souvent des poussières dans le nombril! Dans les liposculptures du ventre, on procède par une petite incision au nombril afin que la cicatrice ne paraisse pas. On passe par le même endroit pour les laparoscopies.

À l’origine fut le cordon ombilical. Généralement blanc et d’apparence gélatineuse. C’est à peu près ce qu’on en dit et ce que j’ai vu dans ma recherche de photos pour cet article. Jusqu’au jour de mon propre accouchement, j’ai cru que le cordon serait, tel que décrit, de la grosseur d’un fil de téléphone tout tournicoté. Mais ce fut la chose la plus étrange, la plus complexe et la plus sensée jamais vue. Je n’ai eu que quelques minutes pour l’observer et cela a laissé une impression indélébile sur moi. Le diamètre en était beaucoup plus gros que les statistiques précitées. Des veines et des canaux de toutes sortes, toutes grosseurs, une ingénierie fine, colorés bleu, mauve, orangé, rouge et jaune vif entrelacé autour d’un axe central filamenteux pulsaient avec une force qui me paraissait inouïe derrière une peau laiteuse diaphane, à l’unisson avec mon propre pouls. Il me semblait enfin pouvoir associer mon vécu intérieur avec cette chose inimaginable que j’observais goulûment et ainsi pouvoir approfondir le sens de mon expérience. Échanges à vannes grandes ouvertes, complets entre mère et enfant, issus d’une science qui dépasse tout entendement mortel… Certains n’hésitent pas à ce point à faire intervenir Dieu … Toute la splendeur de la nature émanait de notre cordon qui n’avait rien de feluette. Traversée par un fort sentiment d’humilité et émerveillée, je fus.

Le cordon ombilical se forme entre la 4ième et la 8ième semaine de l’embryon. Il comporte presque toujours trois vaisseaux sanguins dont une grosse veine et deux artères plus petites où dans un
sens, le sang vient de la mère et dans l’autre, le sang vient de l’enfant dans des échanges permanents jusqu’à la naissance : échanges nourriciers par la circulation d’éléments nutritifs tels le fer, le calcium, l’eau, les sels minéraux et autres dans le sang; échanges respiratoires par l’apport en oxygène assuré toujours par la circulation sanguine de la mère; et une fonction d’excrétion de dioxyde de carbone et autres déchets provenant de la circulation sanguine du bébé. Et je crois fermement qu’il y a plus encore tels les besoins nutritifs du bébé qui se transforment soudainement en pulsion alimentaire chez la mère. Cela va au-delà de la fonction décrite d’un échange d’aliment par un simple canal. Les vaisseaux du cordon sont entourés d'un tissu conjonctif qui les protège, appelé la gelée de Wharton, et d’une membrane embryonnaire transparente qui recouvre le tout. Lorsque nécessaire, dès la 19e semaine in utero, afin d’éviter une prise de sang directe sur l’enfant, il est possible par l'intermédiaire de la veine du cordon d’obtenir un échantillon sanguin. Ce dernier nous renseigne sur certains retards de croissance, la mesure de l'oxygénation du fœtus, mais aussi le diagnostic et le traitement de certaines anémies ou de déficits immunitaires du bébé, et même la compatibilité avec un frère ou une sœur lorsque ce ou cette dernier(e) souffre d'une maladie sanguine (leucémie, aplasie médullaire, etc.).

Normalement, le cordon flotte librement dans le liquide amniotique qui le protège. Il est relié au placenta qui est relié à la paroi utérine par lequel est servi un «buffet» ouvert à tout moment de jour comme de nuit. Il arrive au cours de la gestation que le bébé fasse de multiples sauts périlleux avant-arrière et autant de cabrioles; il peut s’appuyer sur le cordon avec ses pieds; le porter comme une écharpe, une bretelle, une ceinture ou même un bracelet; ou encore le prendre dans une main, une ou plusieurs fois par jour. Il peut se retrouver avec son cordon disposé comme un
collier avec plusieurs rangs autour de son cou ou encore l’avoir coincé dans les parties intimes. Il est commun de trouver les nouveau-nés dans ces postures, ce qui peut parfois constituer des difficultés lors de la mise à bas. Pour cause, il peut arriver que le rythme cardiaque puisse être altéré si le cordon est encombré. Ou encore, lors de l'engagement dans le canal vaginal, l'alimentation sanguine du bébé peut être moins bonne, et une césarienne doit parfois être envisagée. Malgré tout, le cordon continue d’assurer les échanges indispensables car, sa consistance est ferme et bien tonique. Au terme de la grossesse, le cordon ombilical mesure en moyenne 2 cm de diamètre et 55 cm de long, il peut être plus court, mais souvent il est plus long. L’homme a bien tenté de reproduire la fonctionnalité du cordon ombilical en concevant le scaphandre et la tenue de l’astronaute avec ses tuyaux d’alimentation en oxygène et leur rapport à l’apesanteur.

À la naissance un peu de sang est prélevé sur le cordon afin de déterminer le groupe sanguin du bébé et de pratiquer des analyses bactériologiques, permettant de vérifier l'absence d'infection. Une légère controverse existe sur la longévité du cordon ombilical après la venue au monde. Certains pensent qu’il cesse d’assurer ses fonctions dès la première inspiration du bébé et qu’il faille craindre les reflux sanguins qui pourraient se transformer en hémorragie chez la mère si on ne le coupait pas dès que l’enfant est dégagé. Il existe aussi l’impératif, dans le cas des mères consentantes, de préserver le cordon pour ses cellules souches, responsables de la fabrication
des globules rouges, globules blancs et des plaquettes pouvant servir à des traitements ou transplantations salvatrices où le sang joue un rôle primordial. Le cordon ombilical fut longuement considéré comme un déchet biologique. Les cellules-souches font figure maintenant de ressource collective du fait qu’elles présentent l'énorme avantage de provoquer moins de rejet lors de transplantation et de se multiplier dix à vingt fois plus vite que les cellules de la moelle osseuse. Des banques se sont constituées cherchant à en fournir un approvisionnement de qualité optimale aux nécessiteux. Le sang de cordon est prélevé après la naissance de l’enfant, du cordon ombilical une fois sectionné. L’attention au moment de la naissance donc peut être concentrée prioritairement sur la survie de ce matériel vivant. D’autres pensent que le fait de couper le cordon ombilical alors que l’enfant est à peine sorti du ventre de sa mère est un acte d’une grande cruauté et qu’il faudrait en fait conserver intact le cordon, tant et aussi longtemps qu’il bat afin que l’enfant profite au maximum des échanges sanguins essentiels pour son énergie et son immunité. Mais tôt ou tard, on doit assurer l’interruption de la circulation sanguine par l’apposition de deux pinces entre lesquelles on coupe le cordon ombilical sans risque et sans aucune douleur. Dans la vie extra-utérine, le nouveau-né doit assumer par lui-même ses fonctions vitales et le cordon ombilical devenir obsolète. C’est un grand choc la dissociation pour l’autonomie!

Le cordon ombilical commence à se dessécher deux heures après la naissance, puis il se racornit et noircit après deux ou trois jours. La chute du cordon ombilical survient entre le 7ième et le 20ième jour suivant la naissance mais il arrive que cela puisse prendre jusqu’à 1 mois. À cause de la proximité des vaisseaux sanguins contenus dans le cordon et de leur exposition à l'air, le cordon représente une des principales voies de pénétration pour les bactéries. Pour ces raisons, un soin particulier doit toujours être prévu pour que le nombril demeure propre et sec.

vendredi 15 août 2008

La peau individuelle - Trafic et orifices I - Yeux, nez, oreilles, bouche

La peau présente divers orifices naturels par lesquels une variété d’informations, de fluides, de corps, de parfums, de messages font leur entrée dans l’organisme ou trouvent une issue hors de celui-ci. Yeux, nez, oreilles, bouche, nombril, organes génitaux, anus, pores, glandes… chacun jouit de fonctions qui lui sont uniques. Pour certains orifices tels les narines, la bouche, le vagin ou l’anus, la peau se transforme en muqueuse, humide, lubrifiée et dépourvue de couche inerte superficielle. Le tube digestif, l’appareil respiratoire et les voies urinaires en sont aussi dotés. Larmes, morve, cérumen, salive, bile, lait, glaire ou sperme, excréments liquides et solides, sels, eau, hormones et sang sont régulièrement excrétés, exercice cyclique, purgateur, nutritif, ajustement à l’équilibre ambiant et marques d’états particuliers, reconnaissables, porteurs de sens. Certaines marques sont uniques à soi et certaines sont communes à tous les humains, à tous êtres vivants.


Les yeux font partie de la surface de la peau. L’orbite baigne constamment dans du liquide qui nettoie les poussières ou les corps étrangers. Des larmes sont versées lorsque l’on ressent de la douleur ou des émotions douloureuses, mais aussi quand il y a de la joie et des rires. La fonction principale des yeux, la vision, nous provient d’un réflexe primitif de protection face à un environnement hostile qui demande une intervention rapide. Elle permet la poursuite de tout objet menaçant se déplaçant dans notre champ visuel. Un mouvement perçu par réflexe alerte immédiatement des zones cérébrales concernées. Il en résulte un déplacement spontané de la tête vers l’objet afin d’en transmettre une image au centre nerveux qui sera interprétée par le cerveau qui, à son tour, décidera de la conduite à tenir : la fuite, la chasse, l’immobilité ou… l’indifférence. Une bonne vue implique l’acuité visuelle; la perception d’un champ de vision par la reconnaissance des contrastes, des formes et de l’espace; la vision et l’analyse des couleurs de la lumière et des ombres; une bonne vision binoculaire et stéréoscopique; et un bon dynamisme puisque la vision engage un mouvement constant du corps, des modifications et changements incessants de la posture selon la distance visée. La bonne vision dépend ainsi de notre état général, de notre âge, de maux qui peuvent solliciter notre système de défense, notre énergie, notre concentration, et divers facteurs variables au cours d’une même journée. L’accommodation, phase où l’œil s’habitue et s’adapte à quasi n’importe quelle situation nous fait perdre peu à peu la vigilance ou la perception fine de notre propre état. Telle, la vision nocturne qui nous voit passer de la noirceur dense qui immobilise à la distinction graduelle de nuances de gris nous permettant de nous déplacer. Nous sommes capables de percevoir 15 000 nuances de couleur. Le daltonisme a peu à voir avec les frères bagnards de Lucky Luke, mais tout à voir avec la transmission génétique par le chromosome X d’un état qui ne permet pas la perception normale des couleurs, soit par un mauvais fonctionnement ou une absence de canal oculaire. Pour la couleur des yeux, c’est la mélanine qui colore le pigment de l’œil. La cécité est l’absence totale de vision. On compte aussi les mal-voyants à moins de 1/20 parmi la population aveugle.


Antichambre des poumons et des voies respiratoires, le nez est tapissé d'une muqueuse autonettoyante qui humidifie, climatise l'air que l'on inspire à une température acceptable pour le corps et filtre les particules de poussières et de microbes. Une des fonctions du nez est l’olfaction ou l’odorat, reconnaissant et contrôlant l’air respiré et, la gustation, dépistant plus que goûtant l’odeur spécifique des aliments. L’homme peut distinguer jusqu’à 400 000 odeurs différentes avec ses 5 millions de cellules sensorielles. Les phéromones, des molécules inodores, influencent notre vie de manière subtile. Ces dernières agissent comme messagers entre des individus d’une même espèce. Elles jouent un rôle primordial lors des périodes d'accouplement pour attirer le sexe opposé. On croit que cela peut aussi expliquer les cycles menstruels synchronisés entre femmes qui se côtoient quotidiennement. Les récepteurs protéiniques des parois nasales jouent un rôle non seulement dans l’odorat mais aussi dans la vision, le goût, et même la mobilité des spermatozoïdes ou encore la communication sociale. Le plaisir sensoriel des odeurs et des parfums est sans doute un moyen que l’évolution a trouvé pour guider les organismes supérieurs vers les choses dont il est bon de s’approcher pour accroître ses chances de survie. L’odeur est l’un des meilleurs messagers du bonheur probable ou du danger à fuir. Peu importe que notre nez soit droit, busqué ou retroussé! Une fonction fondamentale du nez est la respiration dont la principale action est l’apport en oxygène aux poumons où l'air est constamment renouvelé et en contact avec le sang qui circule sans cesse à travers tout le corps. Cet oxygène essentiel donne de l’énergie à notre corps de manière directe. Nous ne saurions nous passer de respirer pour plus de quelques minutes, alors que nous saurions nous passer de manger pour quelques jours.


L'homme réagit aux vibrations avec une remarquable sensibilité. L’oreille perçoit les basses fréquences sous forme de paroles, de musique et de bruit. Toutefois, dans un grand nombre de situations, l'oreille ne perçoit que les effets indirects des vibrations sous la forme d'un bruit solidien secondaire soit un bruit provenant de corps solides provoqué par des vibrations. Les sons indiquent un mouvement, une propagation continue d’une onde, un phénomène vibratoire entre 20 Hz et 20 KHz. La fréquence des sons, du grave à l’aigu, est exprimée en Hertz (Hz). Les sons sont transformés en influx nerveux et voyagent le long du nerf auditif jusqu’au cerveau en charge du décryptage et de l’interprétation. En résulte la compréhension, la reconnaissance et le plaisir. Le silence, quant à lui, est fréquemment perçu comme un bruit de fond comme on en trouve dans la nature. Le silence absolu existe toujours pour un sourd, mais pour ceux dont l’ouïe est intacte, il existerait dans l'espace là où il n'y a pas de matière permettant de transmettre les ondes sonores. Même immergé dans cette condition idéale, nous entendrions toujours les chuintements de notre sang qui circule, de notre cœur qui bat, des mouvements d’air de nos intestins. Les oreilles bouchées, altérant notre ouïe, sont souvent dues à une accumulation de cérumen. Cette matière cireuse, onctueuse et jaunâtre, est initialement sécrétée dans le conduit de l'oreille externe par certaines glandes en guise de protection. L’acouphène, des sifflements, des bourdonnements ou des tintements continuels ou intermittents dans les oreilles ou la tête sans stimulation auditive directe, fait souffrir plus de 700,000 personnes au Québec. Si on est malentendant, il est possible d'obtenir une prothèse auditive (appareil à conduction osseuse) ou un implant cochléaire afin de compenser notre handicap. La manière dont le bruit est perçu par chacun est hautement subjective. Le lien entre gêne et intensité physique du bruit est variable d’une personne à l’autre. L’organisme réagit à une stimulation acoustique de façon non spécifique comme pour une agression physique ou psychique. Si la répétition des agressions est élevée ou soutenue sur de longues périodes, cela épuise. Il nous faut autant que possible rester sous nos seuils de tolérance à la fatigue pour être protégés envers des atteintes psychiques, physiques et sociales. Ainsi, en période de sommeil, l’organisme s’habitue normalement aux bruits et se recharge. Si le sommeil est interrompu ou affecté, la restauration des énergies ne s’opère pas correctement. Aussi, l'oreille joue un rôle dans l’équilibre de notre corps. Celui-ci est assuré par trois systèmes étroitement liés et interdépendants : l'appareil vestibulaire, partie de l’oreille interne, informe sur les déplacements et la vitesse de déplacement de la tête dans l’espace ainsi que sur la position de la tête par rapport à l’axe de gravité; la vision informe les centres nerveux sur la situation réelle du corps dans l’espace; et la proprioception informe sur la manière dont notre corps prend contact avec le sol par la voûte plantaire et évalue la manière de conserver notre équilibre grâce au jeu musculaire et articulaire. Sous l’eau, nous sommes livrés à une sensation illusoire d’apesanteur car ces mêmes systèmes sont perturbés et altèrent notre perception.



La bouche est composée de deux zones distinctes derrière les lèvres : le vestibule, cet espace qui gonfle les joues lorsqu’on souffle, et la cavité buccale qui protège trois organes essentiels : les dents, la langue et les glandes salivaires. La bouche couvre plusieurs fonctions: ingestion, mastication et humidification des aliments; transport et déglutition vers l’œsophage; début de dégradation des sucres par la salive; passage de l’air; phonation; et goût, sans compter la fonction esthétique et expressive. Nos trente-deux dents sont essentielles et ont chacune des fonctions précises: les incisives et les canines servent à déchirer et à couper; les prémolaires et les molaires à broyer les aliments. La pression exercée par la mâchoire de l’humain est de 15 à 20 kg/cm2. Et l’émail qui recouvre les dents est la substance la plus dure du corps humain. Les dents de sagesse signent l'accomplissement de la personnalité, la fin de l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte. Sans dents, point de sourire, point d’élocution. Afin de maintenir les habiletés de la bouche et la santé, des prothèses amovibles ou des implants peuvent être adaptés. La langue est l’organe le plus puissant de l’homme. Dix-sept muscles traversés par une artère, des nerfs moteurs, sensitifs et sensoriels la forment. Elle est sertie de papilles capables de reconnaître les saveurs sucrées, salées, amères, acides ou le glutamate. Tout autre arôme est perçu par le nez. La bouche est un outil pour sucer, aspirer, mordre, lécher, caresser, pincer, prendre, cracher, souffler, chanter, imiter, grimacer, siffler, goûter, rire, sourire, avaler, parler, crier, bouder, embrasser… La bouche est très habile et a de multiples talents. La production du son vocal, ou phonation, est obtenue par l'envoi d'air à travers deux cordes vocales en vibration, situées dans le larynx, puis par amplification et résonance grâce aux différents organes résonateurs, comme le pharynx, la cavité buccale ou les fosses nasales. La voix humaine est capable de produire une très grande variété de fréquences. Trois critères déterminent le timbre de la voix ou la qualité de la voix, indépendamment de son intensité et de sa hauteur: des conditions d'accolement des cordes vocales, de leur épaisseur et enfin des caractéristiques anatomiques des cavités de résonance (pharynx, bouche et cavités nasales). Au-delà du message qu’elle porte, la voix traduit un vécu intérieur. Elle reflète nos émotions, nos états d'âme. Les imitateurs ont des cordes vocales élastiques, permettant une étonnante transformation de leurs organes. Ils sont fins observateurs et attentifs au moindre détail des mimiques et des voix d’autrui. Ils réussissent bien à reproduire ce reflet de nos émotions, du moins est-il amplifié pour mieux être parodié. En musique, le son perçu à la sortie d’un instrument de musique à embouchure est le résultat de l’amplification d’une vibration qui se forme grâce aux lèvres. La bouche peut remplacer la main, tel pour ces quadraplégiques qui peignent. Mais surtout, la bouche émet par la parole les langues qui servent à la communication humaine en construisant l'expression du sens partagé de nos expériences. On dénombre près de 7,000 langues et nombres dialectes à travers le monde. Éloge de la différence au centre de la problématique de la Vérité : la construction de sens enflamme les passions.

samedi 2 août 2008

La peau individuelle - Senseur ondulatoire et tactile I


Les ondes sont partout. Invisibles, certaines nous percutent, nous effleurent, d’autres nous traversent, et nous absorbons une partie de leur énergie, mais aucune ne nous contournent. La peau se livre sans possibilité de se soustraire et sans fermeture, aux sensations de l’espace où il se trouve. Les ondes électromagnétiques existent depuis la naissance de l'univers, initiées théoriquement par le Big Bang. Ces radiations sont des photons ou paquets d’énergie qui voyagent et se propagent dans tous les sens sous forme de vagues régulières ou répétitives dans l’espace. Elles interagissent avec notre organisme. Selon leur fréquence et leur intensité, elles informent, excitent, échauffent nos cellules.

Nous distinguons notre corps et notre environnement essentiellement par nos organes de sens. Notre sensibilité générale est le vecteur par lequel nous élaborons la Conaissance et la re-connaissance essentielles pour notre évolution. Elle se compose de :

  • sensibilité cutanée passive, soit le toucher, la pression, les vibrations et les flux thermiques;
  • sensibilité haptique, celle-ci résultant des mouvements actifs d’exploration de la main entrant en contact avec des objets;
  • proprioception, soit la perception des positions et mouvements du corps dans l’espace;
  • téléception, soit la perception des sources éloignées via la vue, l’odorat et l’audition;
  • chemoception, soit la perception selon le goût, l’odorat et autres muqueuses;
  • labyrinthisme, soit la perception de la position, de l’équilibre et du mouvement de la tête;
  • noniception, soit la perception de la douleur indiquant à notre cerveau que quelque chose d’inhabituel se passe, qu’une limite menaçant l’intégralité de soi est traversée et incitant le retrait, la mise en place d’une stratégie de défense et de protection de l’organisme;
  • hyper-perception ou syndrome du monde intense tel qu’on trouve dans les cas d’autisme et d’autres états naturels, induits ou pathologiques.

Il existe trois types de gradations de ces ondes électromagnétiques : selon le nombre de vagues qu’elles parcourent en une seconde (Hz), et équivalent, selon le volume d’énergie contenue dans les photons (eV), et selon la longueur de l’onde (m). Ces gradations révèlent un spectre s’étalant de très basses fréquences à de très hautes fréquences. Leur forme non-ionisante, c'est-à-dire qui n'affectent pas le courant électrique de notre corps, partant des basses fréquences, progressent de TLF, ELF, SLF, ULF, onde radio (Transport, AM, Courte, FM, TV, Radar), infrarouge à la lumière visible. Sous leur forme ionisante, qui renverse la charge électrique de notre corps l'exposant à des affres et sévices irréversibles, on passe de l’ultraviolet, rayon X, au rayon gamma. Nous connaissons les ravages extrêmes que certaines ondes entraînent sur la santé, mais nous ne savons pas tout. Le monde reste à découvrir, essentiellement.

La complexité des sons, elle, est dûe aux modes vibratoires de la matière. Exemple: la corde de la guitare qui vibre; la goutte qui tombe à l'eau et crée des ondulations; le sol qui craque sous nos pas. L’ouïe et la communication humaine fonctionne sur un intervalle limité de fréquences : de 20 à 20 000 Hz. En dessous de 20 Hz, pour nous, c’est le silence, mais pas pour les éléphants capables de les percevoir à plusieurs centaines de kilomètres. Les ultrasons très aigus ne sont pas perçus par l’homme mais le sont par les chiens, c’est bien connu. La parole correspond à 100 Hz chez l’homme, 250 Hz chez la femme et l’enfant. L’intensité des sons est exprimée en décibels (dB). Le seuil de perception est situé à 0 dB. Un lieu calme correspond à un niveau sonore de 30 dB, un environnement normal (parole) à environ 60 dB. La limite de nocivité des sons se situe aux alentours de 85-90 dB. Les sons forts nocifs (musique amplifiée, sports mécaniques, industrie) se situent entre 90 et 120 dB. Au-delà, on parle de sons exceptionnels : avions, fusées, explosions.


Il peut arriver que les ondes polluent. Autre phénomène, l’écho est la répétition d’une onde qui rebondi sur une surface. Les ondes de choc, transitions brutales, non-progressives, en apparence discontinues et sans intermédiaire peuvent survenir, par exemple, en traversant le mur du son. Celles-ci présentent néanmoins la même continuité si observées de très près. Ces ondes sont explosives et affectent leurs sillages de mouvements ondulatoires importants. À distinguer des bruits, car eux aussi se propagent de manière désordonnée, tel une explosion, un claquement tel un avènement soudain et local, mais sans induire nécessairement de transition.

En mécanique quantique, la structure de l'atome lui-même peut s'expliquer par analogie avec un système d'ondes stationnaires. Eh non, nous ne sommes pas réellement distincts du reste de l'Univers, notre différence n'est que relativement significative puisque nous faisons partie du Tout. Nous pouvons être bénéfiques et nocifs pour notre environnement comme les autres éléments le sont pour nous. Il n'y a que nos abstractions qui nous portent à nous penser à part. Ainsi, les êtres humains, de par leur vibration intrinsèque, émettent aussi des champs électromagnétiques (ELF, SLF, ULF) : en moyenne à 37°C, une puissance de 173 watts, de fréquence infrarouge à 10 µm de longueur d'onde. Le cœur crée un champ magnétique de 0.0005 mG alors que le cerveau produit un champ magnétique de 10-6 mG. Tant que l’intensité des courants induits dans le corps humain ne dépasse pas celle des courants produits normalement dans le cerveau, le système nerveux et les tissus cardiaques, le risque de l’exposition électromagnétique est supposé nul. Ainsi, exposées aux micro-ondes (entre 1 GHz à 300 GHz), fréquences supérieures à celles du corps humain (330 Hz à 30 KHz), les molécules d’eau s’agitent et du même coup, engendrent une élévation rapide de la température. Parce qu'il est fait principalement d'eau, sous les mêmes conditions, le corps humain cuirait! D’où il est possible de déduire les dommages innommables de la bombe atomique à Hiroshima.

La CIPRNI (Commission Internationale de Protection contre les Rayonnements Non Ionisants) a fait des recommandations internationales concernant les limites acceptables de ces émissions dans l’environnement. À l’instar des comportements d’inquiétude ou de fuite des animaux avant un séisme, il nous arrive de pressentir des dangers de manière floue et inexpliquée. Aussi, la sensibilité aux champs électromagnétiques émis est d'autant plus importante si le corps est grand. Les animaux plus petits que nous, sont plus résistants.

Le corps, étant un assez bon conducteur, se comporte un peu comme une antenne, mais une antenne pas du tout adaptée à recevoir les émissions. Par exemple, la conductivité de la peau et du corps humain varient au cours d’une même journée selon le type de peau, le contenu des repas, la température extérieure, le stress, etc. Ainsi, d'une personne à une autre et d'une heure à une autre, on pourra obtenir des résultats différents. Par exemple, lorsque se tenant à proximité de l'antenne d’un poste récepteur radio ou télé, "l'antenne humaine" se couple parfois à l'antenne du récepteur, créant des courants à sa surface, et ces courants re-rayonne ensuite un champ électromagnétique qui va dépendre de la géométrie de ce conducteur et améliorer possiblement ou brouiller le signal. Mais les résultats seront toujours difficiles à reproduire à l'air libre car la réception est instable.

La conductivité de la peau est le germe de différentes initiatives de développement technologique reposant sur le corps humain comme interface : le MODEM HUMAIN appelé Personal Area Network (PAN) chez IBM et MIT part de l’idée d’utiliser le corps humain comme porteur ou conducteur électrique afin de transmettre des informations entre deux appareils électroniques, par le biais de microcircuits sous la peau, en étendant les performances de transmission au-delà des vêtements et permettant les transactions appliquées à une chaîne de personnes; SKINTENNA appelé WBAN network de l’Université Queen’s de Belfast, un dispositif porté près du corps reçoit les informations de différents bio-senseurs en voyageant à la surface de la peau, conçue pour donner des informations sur la santé d’un patient, mais ouvrant la porte au développement de toutes technologies portées près du corps et à de nouvelles considérations éthiques.

Exposés, nous sommes, face à tant de mouvements, de grouillements, de vie à la limite de notre peau… mais en nous, qué passa?