mercredi 30 mai 2007

Tango - La danse I

Au milieu du 19e siècle, la mise en place d'une politique d'immigration a vu la population d'Argentine septupler. Rapidement, il n'y eu plus de terres pour ces nouveaux arrivants: Italiens (50%), Espagnols (30%), Français (10%), Anglais (2%), quelques noyaux d'Europe centrale, et des Juifs. À la même époque, afin de répondre à des enjeux internationaux pressants, les grandes entreprises européennes s'implantèrent dans la culture économique et sociale. À Buenos Aires, mégapole improvisée, on peut imaginer la polyphonie des langues parlées, d'accents divers, de coutumes et traditions populaires importées, traduites, oubliées ou regrettées. C'est à la même époque qu'on attribue la naissance du tango. Syntaxe hispanique, tournures de phrases et intonation à l'italienne, vocabulaire d'origine quetchoua. Dans cette musique, tout est dit et raconté sur la vie affective et quotidienne sauf la nostalgie du pays, comme si un interdit venait frapper, interdit d'évoquer ce qui est perdu. Le tango c'est une étreinte entre immigrants de diverses origines, c'est une érotisation où la valeur de la parole défaille puisque confronté à un composite cacophonique de plusieurs langues. Sans racines, pareils dans le silence, sur une nouvelle terre et en quête d'aimer dans le moment présent.

Le tango est mouvement, entre amour et trahison, colère et mélancolie, un éternel jeu de cache-cache amoureux, ou une corrida tauromachiste de corps tendus au sommet de l'ivresse musicale, mais surtout un langage qui restitue toute l'énergie dévorante des émotions faces à l’abandon, l'amour, le désir, le crime, la tragédie, la peur, la colère, la douleur, le manque, l'humour, l'oubli, la pauvreté, la prison, la frustration, la société et la politique… Le tango est le cheminement d'un deuil, entre la vie, TANGO ROUGE, et la mort, TANGO NOIR. Du moins, c'est l'expression d'un changement, celui des émotions qui foisonnent en nous parce que nouvelles, bousculées ou conflictuelles. Le tango est passion lorsque deux univers en mouvement se rencontrent, s'inspirent, s'aspirent, se répondent, se conjugent et s'imbriquent avec synchronicité.

Le tango, c'est un dialogue muet, une communication étroite entre un homme et une femme. L'homme conduit par de légères pressions et inflexions tout en gardant le torse droit et dégagé, la femme répond par son corps sans un mot dit mais ne succombe pas, elle doit garder une résistance afin de maintenir la symétrie, l'équilibre du couple. Elle déploie toute sa liberté dans le jeu de jambes ou de bras à la sortie de chaque mouvement, ou est-ce de l'attisement par ses effleurements dans l'élan qui se calme ou qui se recharge. Cela demande de l'ouverture, une écoute et un ressenti qui exhume une sensualité à fleur de peau. Partage d'une grande intimité, l'espace d'un moment, sans savoir si demain sera.

Le tango aujourd'hui c'est une culture, une didactique partagée aux quatre coins de la terre.

CARLOS GAVITO y MARSELA DURAN

Pour des renseignements généraux et locaux au Québec, le Portail Québécois du Tango; Le Tango à Montréal de Fabrice Hartem; Tango Québec, Tango Libre et Salsapaca. Ailleurs dans le monde, parmi des milliers de sites, ceux-là: Éloge du Tango, Électro Tango, Tango-Eric-Danse, Tango, Le Tango Argentin, Voilà NewYork.

lundi 28 mai 2007

Écrits marquants II

Jacques Salomé


JAMAIS SEULS ENSEMBLE


(...)

T'aimer sans te soumettre;
T'apprivoiser sans t'enfermer;
Te connaître sans te figer;
Te trouver sans me cacher;
Te rejoindre sans te menacer;
T'accueillir sans te retenir;
Te demander sans t'obliger;
Te donner sans me vider;
Te refuser sans te blesser;
Te quitter sans t'oublier;
Te remplir sans te combler;
T'être fidèle sans me tromper;
Te sourire et m'attendrir;
Te découvrir et m'étonner;
M'émerveiller et m'abandonner
À la fluidité de l'élan,
À l'unisson du partage,
Au bonheur de rêver l'avenir;
Et rester ainsi vivant et libre;
Ouvert et agrandi aux possibles de nos rencontres;
Être ainsi réconcilié,
Unifié,
Prolongé
Aux enthousiasmes de notre vie commune.

samedi 26 mai 2007

Écrits marquants I

Edmond Rostand


CYRANO DE BERGERAC
Acte II, Scène VIII

(…)

LE BRET:
Enfin, tu conviendras
Qu'assassiner toujours la chance passagère,
Devient exagéré.

CYRANO:
Hé bien oui, j'exagère!

LE BRET (triomphant):
Ah!

CYRANO:
Mais pour le principe, et pour l'exemple aussi,
Je trouve qu'il est bon d'exagérer ainsi.

LE BRET:
Si tu laissais un peu ton âme mousquetaire,
La fortune et la gloire. . .

CYRANO:
Et que faudrait-il faire?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force?
Non, merci. Dédier, comme tous il le font,
Des vers aux financiers? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud?
Avoir un ventre usé par la marche? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale?
Exécuter des tours de souplesse dorsale?. . .
Non, merci. D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et, donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe?
Non, merci! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames?
Non, merci! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant? Non, merci!
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles?
Non, merci! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres? Non,
Merci! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse: 'Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François?'. . .
Non, merci! Calculer, avoir peur, être blême,
Aimer mieux faire une visite qu'un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter?
Non, merci! non, merci! non, merci! Mais. . .chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre,--ou faire un vers!
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune!
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d'ailleurs, se dire: mon petit,
Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles!
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!

LE BRET:
Tout seul, soit! mais non pas contre tous! Comment diable
As-tu donc contracté la manie effroyable
De te faire toujours, partout, des ennemis?

CYRANO:
A force de vous voir vous faire des amis,
Et rire à ces amis dont vous avez des foules,
D'une bouche empruntée au derrière des poules!
J'aime raréfier sur mes pas les saluts,
Et m'écrie avec joie: un ennemi de plus!

LE BRET:
Quelle aberration!

CYRANO:
Eh bien, oui, c'est mon vice.
Déplaire est mon plaisir. J'aime qu'on me haïsse.
Mon cher, si tu savais comme l'on marche mieux
Sous la pistolétade excitante des yeux!
Comme, sur les pourpoints, font d'amusantes taches
Le fiel des envieux et la bave des lâches!
--Vous, la molle amitié dont vous vous entourez,
Ressemble à ces grands cols d'Italie, ajourés
Et flottants, dans lesquels votre cou s'effémine:
On y est plus à l'aise. . .et de moins haute mine,
Car le front n'ayant pas de maintien ni de loi,
S'abandonne à pencher dans tous les sens. Mais moi,
La Haine, chaque jour, me tuyaute et m'apprête
La fraise dont l'empois force à lever la tête;
Chaque ennemi de plus est un nouveau godron
Qui m'ajoute une gêne, et m'ajoute un rayon:
Car, pareille en tous points à la fraise espagnole,
La Haine est un carcan, mais c'est une auréole!

LE BRET (après un silence, passant son bras sous le sien):
Fais tout haut l'orgueilleux et l'amer, mais, tout bas
Dis-moi tout simplement qu'elle ne t'aime pas!

CYRANO (vivement):
Tais-toi!

Deuil et changement II

En combinant la littérature sur le deuil et celle sur le changement, (processus identique), nous retrouvons quatre étapes identifiables dans le temps mais qui se profilent dans un ordre relatif et interdépendant puisqu'il peut y avoir des aller-retours entre elles tant que celles-ci ne sont pas pleinement complétées.

Ici, j'ai volontairement énoncé les différent noms sous lesquels sont décrites les différentes étapes.

I
L'ÉVEIL, LA SOLLICITATION AU CHANGEMENT, LA REMISE EN QUESTION DES PRATIQUES EXISTANTES, LA DÉSINTÉGRATION, LE DÉSENGAGEMENT, LE DÉGEL

L'anesthésie ou choc

Le déclencheur de l'expérience de deuil ou de changement peut prendre plusieurs visages: une amélioration ou une défaillance de la situation existante, la pression de leaders du milieu, une nouvelle possibilité de faire des gains ou d'en perdre, un changement de statut pour le meilleur ou pour le pire, toute apparition ou disparition qui nous touche et nous affecte.

L'impact de ce déclencheur peut varier selon la complexité de nos attaches visées par la perte ou le changement, et selon si notre anticipation est teintée de joie, de soulagement ou de douleur. Cela dépend de notre opinion sur la pertinence et la qualité du changement. Cela peut aussi dépendre de l'influence de l'entourage, à savoir si celui-ci se montre favorable ou non au changement, si on peu faire face à la réprobation de ses pairs, en acceptant ou en refusant le changement. Par crainte de rejet social, on peut dépendre de la négociation ou du jeu d'influence de leaders naturels qui discréditent les pratiques existantes et qui supportent des alternatives, d'où émergera une nouvelle convention: la position "collectivement acceptable".

Dans la forme douloureuse, le choc c'est littéralement comme si on recevait un coup sur la tête, ressentant une émotion brutale en réaction à la nouvelle, de la stupéfaction, de la sidération, de l'incrédulité qui, pour un moment nous fait perdre le contact avec la réalité, à en perdre la notion du temps. Notre corps plonge dans un engourdissement qui nous protège de la douleur, affaiblissant nos facultés d'anticipation ou selon les personnalités, entraîne une grande agitation ou une grande paralysie. C'est une période qui en général ne dure pas longtemps (24h), mal choisie pour prendre des décisions à long terme et où il est bon d'être accompagné.

Le déni

La première réaction au changement se manifeste souvent par de l’incertitude, de la résistance ou du rejet, par le refus de croire l'information, par la difficulté à envisager l'impossible… soit la perte d'illusions, d'idéals, entre autres ceux de l'immortalité et de la permanence, perdre des aptitudes et du bien-être ou possiblement la perte d'une vie, celle d'un autre, d'une communauté et/ou la sienne propre. Une discussion intérieure ou/et extérieure peut porter sur la vraisemblance de l'évènement annoncé : - C'est pas vrai, pas possible....L'état est important même s'il est apparemment bref. Arguments et comportements de rejet et de contestation affluent. Il arrive que des personnes restent bloquées dans cet état... ou qu'elles y reviennent, comme dans un refuge.

La mentalisation de ces pertes va permettre la mise en représentation, la symbolisation puis la transformation des expériences corporelles et physiologiques chargées d’affects en pensées de plus en plus organisées. Il s'agit de reconnaître le besoin de vivre le changement en identifiant les forces motrices qui l'alimentent ou qui le déclenche qu'elles soient externes ou internes, et les forces résistantes qui s'y opposent tels l'anticipation négative d'une perte de statut, de salaire, de confort, de communication, d'amourriture ou d'aliments intellectuels.


II
LA MISE EN ŒUVRE DU CHANGEMENT, LA TRANSITION, ANALYSER ET ROMPRE

Le marchandage ou la dés-identification

Non seulement les activités quotidiennes changent mais on commence à abandonner petit à petit les définitions de soi devenues obsolètes. La personne devient très préoccupée par les conséquences des changements à son propre niveau. C’est une période d’entredeux ; les anciens automatismes n’ont plus leur place, et les nouveaux ne sont pas encore acquis. Cette période est souvent marquée par du flottement, de l'ambiguïté, des tensions, des conflits, des paradoxes, du désordre, du mécontentement, de l'inefficacité et une vulnérabilité. Une guerre en soi fait rage, un état de résistance à la soumission à la nouvelle réalité qui se dessine, avec le sentiment déchirant d'une guerre perdue d'avance. La personne est contrariée de devoir renoncer à ce qui est familier et confortable. Négociations, chantages, peur d'oublier, de ne plus reconnaître le ou les disparus, de ne plus se reconnaître soi-même vont et viennent. On s'accroche aux anciennes manières de faire qui nous définissaient jusque-là, on cherche à maintenir les habitudes qui habillaient notre vie, signes indirects de la présence de l'autre, du connu qui se découd et cela suscite de l'angoisse. On aspire à croire aux tentatives de contacts des disparus, les prendre comme des signes de leur protection, reflet du début de notre acceptation d'une transition qui s'opère. On cherche une bouée pour ne pas couler, on cherche des moyens clandestins pour restaurer l'équilibre.

L'abattement, la tristesse jusqu'à la dépression, dépression réactionnelle, altération de l'identification, le désenchantement, la désorientation

Les anciennes habitudes interfèrent dans les efforts pour en acquérir de nouvelles, les repaires font défaut ou sont inadéquats. La personne est plus facilement déroutée, confuse et fatiguée ce qui amène un sentiment d'échec. Cela demande à se concentrer davantage, cela demande plus de temps pour accomplir ses tâches, et cela entraîne une surcharge de travail qui affecte la productivité.

La colère ou la culpabilité qui s'exprime comme une sorte de disque rayé et parfois par une frénésie compensatoire pour contrecarrer l'éventuel sentiment de rejet ou de dévalorisation se dissipe un peu, par usure. Une profonde tristesse s'installe, avec un ralentissement psychomoteur, de la difficulté à prendre des décisions, une chute du dynamisme naturel, avec une plus grande vulnérabilité physique, de la perte du sommeil et de l'appétit, boule dans la gorge, courbatures etc, et de la douleur mentale. Comme le rythme quotidien ralenti après que la vie a repris son cours, la personne est exacerbée par le sentiment que les autres ne comprennent pas. Elle touche le fond. Sur le plan social, les sentiments individuels et l'état mental de la personne endeuillée affecte sa capacité de maintenir ou d'entrer en relation avec autrui (y compris dans le domaine des relations sexuelles). Parallèlement, le sujet en deuil ou en voie de changement peut développer des attentes nouvelles vis à vis de son entourage : besoin d'attention, de sollicitude, de calme, d'isolement, de distraction, d'information, de soutien technique.

La durée de ce comportement n'est pas liée à l'intensité des sentiments que la personne éprouvait pour le tiers ou pour l'objet du changement. Cela dépend surtout de sa résilience à ce moment précis de sa vie. Si trop fragile, la personne d'instinct est très susceptible ici de se réfugier dans les divers états vécus depuis le début du processus. Lorsque déchirée entre régression et désespérance, la personne devient particulièrement difficile à vivre. Cela peut aller jusqu'à la dépression, laquelle peut se caractériser par des douleurs physiques, maux de tête, de ventre, douleurs dans le dos, courbatures, ainsi que des attitudes et comportements suicidaires. Cet état peut devenir pathologique et destructif si il dure trop longtemps auquel cas il peut être bon de se joindre à un groupe de soutien.

La résignation

Se résigner est différent d'accepter. La personne se laisse porter par le déroulement de la vie. Elle n'a aucune visibilité de ce qu'elle peut faire. Elle agit au gré des circonstances, selon ce à quoi la renvoie l'évènement auquel elle est confrontée. Mais cette résignation peut se composer de soumission ou de rejet.

III
LA RECONSTRUCTION, LE CHANGEMENT, LA RITUALISATION, DÉVELOPPER ET EXPLORER

L'acceptation ou résignation fataliste

La résignation a provoqué une relative ouverture. Le caractère obsédant de la cause du deuil s'estompe. C'est la vie. L'heure est au fatalisme. Il arrive encore que la personne manifeste des états antérieurs. L'intensité est plus faible. Les périodes d'abattement sont moins longues. Elle conçoit quelques projets.

La phase de recherche, la restructuration, l'étape de l'adaptation

Le changement se réalise grâce à une stratégie qui diminue l'anxiété et les forces résistantes. On prend du temps pour soi, on organise des moyens temporaires pour transiger avec le quotidien ou dans la poursuite de ce qui avait été mis de côté, on tolère l'inconfort, on trouve le support et les appuis dont on a besoin. Ceci est un bon temps pour examiner le cours de sa vie, d'aller à la rencontre de notre nature profonde et de penser aux moyens de rendre possibles ses rêves, ses aspirations. On n'abandonne pas le passé complètement, mais on intègre ce qui nous paraît utile et nécessaire pour s'y ressourcer dans le futur. On expérimente le changement et on défini de nouveaux rôles. La transition progressant, les nouvelles pratiques se stabilisent, les doléances s’apaisent, les individus développent graduellement des automatismes, et retrouvent un niveau d’efficacité plus élevé. Le changement est adopté à des degrés divers, selon les personnes, mais on a atteint un seuil de non-retour, et désormais la référence au changement est disparue; on parle plutôt du mode de fonctionnement en vigueur. On recherche maintenant des moyens pour améliorer notre situation.


IV
REGEL, IMPLANTER ET COMMENCER

L'acceptation, la résilience, le commencement

La cause du deuil devient un souvenir. La personne ou la situation perdue est intériorisée. Le disparu ou l'objet du changement devient comme le personnage d'une histoire complétée, il maintenant fixé dans une bonne ou une mauvaise aura. Le passé est devenu un héritage d'existence, le présent se vit de manière paisible, relativisée et en fonction de projets et d'un regard agréable de l'existence. On réinvestit son énergie dans de nouveaux projets (même celui de trouver un nouveau compagnon) ou dans la poursuite de ce qui avait été mis de côté, de ce qui se préparait.

Paradoxalement, le commencement correspond à la dernière phase du processus d’adaptation. C’est l’étape au cours de laquelle les personnes adhèrent aux nouvelles valeurs, adoptent de nouvelles attitudes et commencent à percevoir des bénéfices tangibles et à s’engager dans l’implantation du changement. Ils ne s’engagent sans réserve dans leur nouvel état que lorsqu’ils ont intégré mentalement, physiquement et sur le plan émotif les changements. D’étranges choses peuvent alors se produire. Par exemple, les personnes sont habituellement à la fois fatiguées d’avoir traversé la phase de l’exploration et contents d’arriver enfin à la « terre promise », à un roulement quotidien sans gouffre. Par contre, pour certains, le commencement demeure angoissant et la possibilité persiste que les changements mis en place ne soient pas conformes aux attentes. Pour d’autres, la vision est maintenant plus claire et ils sont déjà engagés.

Sources: Deuil 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10; Changement 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Deuil et changement I

L'Ouroboros, le serpent qui se mord la queue en dessinant une forme circulaire, qui ne cesse de tourner sur lui-même s'enfermant dans son propre cycle, rompt avec une évolution linéaire, et marque un changement tel qu'il semble émerger au niveau d'être supérieur, spiritualisé. Il transcende ainsi le niveau de l'animalité, pour avancer dans le sens de la plus fondamentale pulsion de vie. Il symbolise l'idée de mouvement, de continuité, d'autofécondation et en conséquence, d'éternel retour sur soi. Cela peut aussi représenter le cycle des existences dont les êtres sont condamnés à ne jamais s'échapper.

La réalité est faite d'impermanence. Tout change, tout, en fait, est toujours en mouvement, en déchéance, en déplacement ou en évolution. Le changement n'est ni positif, ni négatif en soi. Ce sont les émotions qu'il évoque qui sont soit positives ou négatives. Notre nature recherche l'équilibre, l'homéostasie. Pas la neutralité, ni le statu quo, qui se doivent d'être des états temporaires. Le deuil ou notre adaptation au changement est notre recherche d'équilibre, c'est un processus de régénération. La complexité de ce travail est étroitement lié à la production de sens et à notre identité.


Identité

De même, notre identité personnelle est un processus, un travail immatériel à partir d'idées, de normes et de valeurs, mais non pas une chose qui existe et qui puisse être contenue. Selon les cultures, les religions, les technologies du Soi, il existe des conceptions spécifiques et temporaires de pratiques, d'habitudes et de comportements qui encadrent et contraignent le potentiel de Soi dans des trajectoires prévisibles et dites "normales". Cette construction, chacun la produit, l'invente à partir de sa propre histoire, de ses propres expériences, toujours en lien avec les autres ou définie en rapport aux autres, établissant ainsi ses appartenances. Les autres perçoivent et répondent à l'amalgame de nos idées, normes et valeurs dans nos communications en partie selon l'alignement de nos actes avec nos paroles, et comme nous, selon les pressions collectives et organisationnelles.


Communication

La communication est définie comme toute conduite expressive perçue par des interlocuteurs. On confond souvent information et communication. Dans la communication, il y a échange d'information, certes, mais il s'agit aussi d'arriver à une conception commune des situations vécues. Il s’agit en fait d’un processus continu d’ajustement pour établir et maintenir une relation qui évolue dans le sens désiré par les acteurs en présence. Donc, échanger des informations, définir sa position par rapport à celle des autres, influencer l'entourage, entretenir une relation, et s'ajuster dans la relation.

Dans un contexte de deuil ou de changement, la communication est primordiale, car il est possible que les personnes touchées ressentent une urgence de parole et de partage. Pour demeurer dans le vivant. Pour pallier au vide. Pour faire du sens de leur expérience. Il faut entretenir avec eux des échanges aussi directs (riches) que possible car l'absence et une trop grande discrétion, sont interprétés comme du désintérêt. Il faut des contacts fréquents, mais de courte durée, établir un lien de confiance et un échange continu. Si une incohérence entre le discours et les actes est perçue, les personnes de l'entourage seront jugées par leurs actes et ensuite par leur parole. Parce que les émotions sont à vif, à fleur de peau, parce que les énergies sont sollicitées ailleurs, on se braquera contre toutes les sources d'information manquant de fiabilité. Il est donc très important de dire ce que l'on fait et faire ce que l'on dit, afin d'assurer une forme de sécurité à la personne.

Il faut être clément et bienveillant à l'endroit des personnes touchées et ne pas abuser de leur très grande vulnérabilité. Être prêt à consacrer plus de temps aux personnes qui ont de la difficulté à accepter le changement, à condition que l'on ait toute leur confiance et la crédibilité pour se faire. Et écouter.

L’écoute active est empathique et non directive. La personne qui écoute intervient à la manière d’un miroir auprès de l’autre. Elle lui reflète clairement et sans jugement son vécu. En respectant son rythme, elle l’aide à concevoir son propre processus de résolution de problème. Ceci préserve l'autonomie et la dignité de chacun.


Amour et attachement

Il arrive que l'on s'attache à la construction de nos idées, normes ou valeurs, comme il arrive que l'on s'attache à notre définition de qui nous sommes, de nos pratiques, habitudes et comportements. Il arrive que l'on s'attache à des personnes, à des animaux, à un environnement. Parce qu'on leur confère la responsabilité de répondre à nos besoins. Parce qu'on a peur de perdre. Par ignorance. Imbues de fixité, ces perceptions de liens sont une source de souffrance.

On confond souvent amour et attachement. L'amour n'est pas une émotion en soi; c'est une expérience émotive complexe qui comprend plusieurs émotions. L'amour est un indicateur de besoins. En spécifiant ce que l'on aime on peut identifier plus facilement les besoins auxquels il répond ou les aspirations qu'il éveille en nous. On peut aussi cerner son besoin en identifiant les genres de satisfaction que nous procure le contact avec la personne ou l'objet aimé. Les amours fortes et profondes sont empreintes d'estime. Elles ont sur nous un effet d'élévation. Ce qui l'inspire a un effet stimulant; à son contact, nous sommes portés à être de meilleures personnes, à exploiter davantage nos ressources, à nous dépasser. Dans un couple, cela signifie que la relation sert à répondre à certains besoins, mais que chacun continue de porter toute la responsabilité de ces besoins. La relation est en mouvement continuel, se transformant, le rapport entre les deux personnes se modifiant sans cesse. Sinon, une sclérose s'installe, tortueuse et complexe, fixe et mortifère.


Perte et changement

Lorsqu'un élément de notre vie change, mute ou disparaît de manière temporaire ou possiblement de manière irréversible, cela, parfois, nous laisse peu préparés à la transformation, à la nouvelle cadence, au vide qui s'ensuit. La conscience de l'impermanence ne nous protège pas contre les pertes et les changements tout azimut de nos vies, mais nourrit une résilience qui nous permet de trouver plus facilement le calme et la paix. Malgré la très grande capacité d'adaptation des êtres humains, les pertes et changements ne se font pas toujours aisément. Elles font subir de l'insécurité par la perte de ses repères. Il faut trouver le courage de se laisser atteindre, de ressentir toute notre douleur et l'étendue de nos besoins afin de formuler de nouvelles réponses et de nouvelles manières de composer avec. Il faut parfois même acquérir de nouvelles compétences, de nouveaux outils pour faire face à notre vie. Cela peut nous transformer, nous transfigurer.


Temps de transitions

Ces temps qui appellent une déstructuration et de restructuration de l'être sont innombrables: mariage, grossesse, naissance et adoption, adolescence, départ des enfants (syndrome du nid vide), élever une famille, mort d'un proche ou d'une personne significative, séparations et divorce, perte d'emploi, nouveau boulot, changement de carrière, déménagement, émigration, retrouvailles avec un ami ou un membre de la famille, crise de la mi-vie, soins de personnes âgées ou en fin de vie, maladies, accidents, traumas spécifiques à la personne, victime d'acte criminel, condamnation, emprisonnement, coût de la vie, downsizing d'entreprise, virage technologique…


À suivre...

lundi 21 mai 2007

Ombres chinoises

Dans les perles, la prestation de Pilobolus, cette troupe de danse qui a paru aux Oscars 2007 et à Oprah, mérite sa propre section. Plus que particulier. Un plaisir des yeux qui se passe de paroles.



Les voici dans une publicité de voiture:

Vinicio sous les masques

Ceci est un suivi de ma page Musique ecclectiques I.

En ce Samedi 19 mai, mémorable pour moi, je me suis présentée seule à la salle Dell'Arte sur Jean-Talon. Un cadeau que je me faisais. J'ai fait la file. C'était ma première expérience sur ces lieux. Beau, dénudé, moderne, aéré, grand et intime à la fois. Sur les tables, ai-je découvert avec joie, la traduction de l'italien au français des textes poétiques des chansons de VINICIO CAPOSSELA. J'ai lu. J'ai bu ces paroles qui parlent toutes de l'éphémère des relations, de la douleur, de l'abandon, de l'état de l'amour ou de l'amour dans tous ces états. Il évoque le jeu aguicheur des manipulateurs, des tricheurs, et se montre subtilement, à mot couvert, symboliquement et de manière imagée, parfois un tantinet critique social.


Je m'attendais à de l'originalité sans savoir, car tout ce que j'avais pu lire sur lui, je le sentais, ne m'avait pas encore dévoilé qui il était, lui. Bien sûr, ne l'ayant pas vraiment rencontré "en personne" cela rend absolument subjectif, l'opinion que je m'apprête à partager avec vous.


Bien qu'aguerri à la routine des spectacles, d'entrée de jeu, il semblait un peu... incertain, ou bien était-ce de la sensibilité occultée par l'énergie bravache de la première partie? Son apparition avec une jambe glissée dans une botte de fourrure aux long poils blancs, pour moi évoquait l'homme semi-primitif en chacun de nous. Il était tout en intériorité, protégé par des chapeaux, capes ou masques interchangés... un reflet de nous-mêmes cachés derrière nos divers rôles dans la vie. Il chantait les yeux fermés, tout près du micro, recréant ainsi toutes les tonalités, toute la gamme des émotions tantôt comique, triste, tendre, critique de ses textes qui apparaissaient en français sur le fond de la scène. Il y a aussi eu des images, des ombres chinoises. Il m'a paru très humain, très vulnérable dans son exaltation. Il a eu son moment d'irrévérence aussi, fumant la cigarette sur scène, sous les acclamations approbatrices de la foule.


Indéniable, cette musicalité annonçée. Des traces de rock, de klezmer, de jazz, d'opéra, de musique de cirque et autres, mais avec en tout temps son empreinte particulière. Un côté théatral bien imbriqué dans sa musique tel l'inoubliable corbeau dans CORVO TORVO. Il jouait la guitare, le piano, utilisait les sons d'autres instruments tels le téléphone, le piano miniature de mon enfance. Il était accompagné par une contrebasse, un percussionniste et par le très discret mais excellent Marc Ribot à la guitare électrique. Ce dernier a fait des solos absolument percutants. Le tout, orchestré de manière à être très fidèle aux enregistrements originaux.



Voici le menu musical auquel nous avons eu droit:


NON TRATTARE
... Si tu ne demandes pas, rien ne te sera donné
Si tu ne cherches pas, tu ne seras pas trouvé...


BRUCIA TROIA
... Et voici le fils
Qui te chassera
Qui te tuera
Qui prendra
Ta place dans le monde...


DALLA PARTE DI SPESSOTTO
... Du côté de Spessotto
De ceux qui ne sont pas très clairs
De ceux qui ne disent pas tout
De ceux qui ne disent pas le vrai
Garde tes emmerdements dans la tirelire
Si tu te tais, jamais tu ne mentiras...


MEDUSA CHA CHA CHA
... Et voilà, encore un de pétrifié
qui n'a même pas réussi à m'embrasser
Il est resté tout congelé
Oh mamma mamma qu'est-ce que je peux faire?
Encore un caillou que je vais devoir embrasser!..


CORVO TORVO
...Comme un corbeau parmi les filles du quartier
qui n'ont rien à t'envoyer dans les veines
tu fais un pas et elles s'envolent déjà
pendant qu'elles traînent sur leurs pieds
elles te saluent et tu le vois
qu'elles ne suffiront plus...


SCIVOLA VAI VIA
...glisse
glisse va-t-en
ne t'en va pas
glisse
glisse va-t-en
loin de moi...


SIGNORA LUNA


NON E' L'AMORE CHE VA VIA
...va va
tu sais, ce n'est pas l'amour qui s'en va
va va...
... ce n'est pas l'amour qui s'en va
le temps si
il nous vole puis nous sèche le coeur...


CHE COSSE' L'AMOR
... c'est quoi l'amour
c'est une adresse sur la commode
d'un lieu d'outremer
qui est loin
seulement avant d'y arriver
partie tu es partie...

MAHARAJAH
... il sert de père et de parrain
élève tout le monde à son destin
plus besoin de penser à rien
il pense à tout le maharajah
mais il t'inocule avec égard
toute la pourriture de son regard
si tu ne crois plus en personne
rien non plus ne croit en toi...


CON UNA ROSA
... alors porte-moi porte-moi la plus belle fleur
celle qui dure plus que l'amour de soi
la fleur qui à elle seule ne reflète pas la ronce
parfaite de douleur
parfaite de son coeur
parfaite du don qu'elle fait de soi...


AL VEGLIONE


IL BALLO DI SAN VITO
...j'ai la danse de saint guy et ça ne me passe pas
c'est le mal que je traîne derrière
depuis trente ans
en nul lieu rester tranquille, ne m'est possible...


OVUNQUE PROTEGGI
...Protège encore
La grâce de mon coeur
Maintenant et pour quand
Reviendra l'enchantement
L'enchantement de toi
De toi auprès de moi...




Dans la salle, deux attitudes: on est spectateur comme dans un concert classique soit on écoute et on ne bouge pas, ou ; on ne peux résister aux différents rythmes et on tient la cadence en frappant des mains, et du pied à l'instar du maître de musique, on chante avec lui, emporté par l'émotion, la partageant, la propageant. Bien que seule, plus d'une fois, je me suis retrouvée debout à scander le temps dans la joie pure, emportée dans la communion du moment présent. Moments qui ont duré plus de deux heures, très généreux... mais qui me parurent trop courts. Moments que j'aurais aimé partager avec d'autres... et non pas isolée dans la foule. Moments qui me font espérer le revoir encore.


J'ai cherché à garder un souvenir en le prenant en instantané sur mon téléphone, mais petit, de dos, aucune de mes prises ne le représente bien. Je m'en excuse.


BRAVO VINICIO!


Et un merci tout spécial à Marco Calliari et la salle Dell'Arte dans le cadre du Rital Fest d'avoir enfin inclus cet artiste qui tardait à se faire connaître chez nous. Ce fut un privilège vivement apprécié.

jeudi 17 mai 2007

Musiques Ecclectiques III

Plus grands que nature.



ÉDITH PIAF

La môme. Attachante. Souffrante. Passionnée. Par une belle journée d'été, je me suis installée pour lire sa biographie dans un parc. Au moment où je lus les premières lignes, sa voix retentit chantant le refrain de La vie en rose. Un voisin, inspiré, venait de mettre son disque à tue-tête. Quel merveilleux moment j'ai passé! Quelle synchronicité!


Monsieur 100,000 volts. J'aimais ses manières. J'aimais sa voix. Et son piano. Il rayonnait. Et quand il était triste, on le savait. Simplement.



La Tortue. Petit grand homme. Découverte de Piaf. Ambassadeur mondial pour l'Arménie. Dont les textes m'ont fait découvrir avec beaucoup de respect tout un pan de la vie qui autrement m'aurait échappé.



Parti trop vite. Un grand gavroche. Chanteur, compositeur, acteur, réalisateur de films, il a aimé la voile et a piloté son propre avion. Sa voix semble indissociable de mon époque.

Musiques Ecclectiques II

J'aime trouver des perles dans les répertoires de musique. J'aime ces moments d'apothéoses, de passion ou de vérité. J'aime les gens qui sont originaux, intègres et créatifs. Je ne suis pas une groupie, mais bien une épicurienne. À défaut d'avoir sous la main tous ces moments précieux, je partage mes sources.


JOAQUĨN CORTES est danseur. Il est surnommé L'Enfant terrible du flamenco. C'est un Romanichel, un gypsy qui revendique la protection de son groupe ethnique et qui agit en tant qu'ambassadeur de son peuple à travers le monde. Outre avoir son propre groupe de musique et de danse, il a été invité à se produire auprès d'artistes de la chanson tels Madonna, J-Lo (Jennifer Lopez), Alicia Keys pour ne nommer que ceux-là. Il danse de manière telle que ses pas font partie intégrante de la musique. La posture du flamenco exprime déjà la fierté, la passion... et ce dernier en exhume à souhait!






NORAH JONES chante un jazz très chaleureux et détaché à la fois. Elle a vécu toute son enfance auprès de sa mère qui écoutait du jazz. Elle est une des filles de Ravi Shankar, le réputé joueur de sitar indien. J'ignore si on peut inférer les sources de son talent indéniable pour la musique. C'est ma fille qui m'a introduite à elle. Peut-être, par une sorte de symétrie, sa propre expérience résonne-t-elle à ses oreilles. Chez Norah, on sent une tristesse légèrement cynique, et une sorte d'assurance tranquille qui est très approprié pour le jazz empreint de blues.






Radicalement différent, voici UTE LEMPER. Ute ose explorer le répertoire de musiciens ou chanteurs qui ont connu leur apogée au cours de la seconde guerre mondiale tel Kurt Weil, Marlene Dietrich et Edith Piaf et qui, après la guerre, ont été rejetés, voire même rendus tabous en Allemagne. Elle s'est ex-patriée à New-York afin d'échapper au malaise, fait de déni et de honte qui sévit dans les mentalités dans son pays d'origine et afin surtout, de garder vivant, la beauté et la richesse de ce patrimoine. Avec Ute, on retrouve une trace des résonances gutturales de l'Allemand quand elle s'exprime en français ou en anglais. On retrouve chez elle la recherche très sophistiquée de l'esthétisme de cette époque. Je l'ai découverte, il y a des années de cela avec l'album City of strangers.






GUSTAVO SANTAOLALLA est le compositeur de la trame musicale de plusieurs films dont Babel, Brokebak Mountain, Motorcycle Diaries, Amores Perros. Argentin d'origine, sa musique évolue depuis les années '60. Ces dernières années, il a développé un style qui lui est propre, interprétant des atmosphères à la fois actuelles et qui lui ont valu deux oscars en deux années consécutives.





C'est en regardant le film Underground d'Emir Kusturica que j'ai découvert la musique de GORAN BREGOVIC. Né d'une mère serbe et d'un père croate, il marie les genres musicaux des romanichels et des voix bulgares, avec un accent sur les cuivres. Cela donne l'envie irristible de danser. Exilé à Paris à cause des conflits des pays de l'est, il écrit pour le cinéma, le théâtre et pour ses propres représentations que l'on identifie au néo-classique. Il a collaboré entre autres avec Iggy Pop et Césária Evora.






Il y a quelques temps déjà, j'ai entendu la musique de GIANMARIA TESTA pour la première fois. Musique tranquille, sensible, d'ambiance. Celle d'un chansonnier populaire, italien de surcroît! Je peux entendre la poésie sans la comprendre. Musique que j'aime écouter de temps à autres, le temps de l'oublier pour mieux la redécouvrir.

jeudi 10 mai 2007

Musiques Ecclectiques I

J'aime différents genres de musique. L'année dernière, j'ai découvert VINICIO CAPOSSELLA dont le cd jouait au Griffintow Cafe. Je ne comprend pas l'italien sauf quelques mots que je peux déduire intuitivement. Je me suis procuré un de ses albums. Il y règne une atmosphère de cirque du siècle dernier. J'aime les intonations de la langue. Quand les italiens sont heureux, on dirait qu'ils dévorent la vie, en paroles, en gestes. Quand ils sont tendres ou en douleur, c'est très poignant. Et que dire de la séduction! Vinicio est très théatral, très coloré, Il déambule comme un clown triste ou un homme concerné. J'aime. Samedi le 19 mai 2007, je vais le voir en spectacle à l'Espace Dell'Arte.



Au défunt Griffintown Cafe, tous les vendredi soirs, le CATFISH BLUES TRIO jouaient live de 6h à 10h pm. Mississipi style avec Bharath Rajakumar à l'harmonica. Toute une ambiance! Laissez-vous emporter. Tout le monde était libre de danser entre les tables. Atmosphère de quartier où tout le monde se connaîssait, bouffe italienne, bières importées, une grande famille quoi!



Encore sur le thème italien, ma dernière découverte: MARCO CALLIARI. Stylé et sympathique! La convivialité et la joie de vivre qui passe dans sa musique ne peut déplaire. Cela annonce l'été et les bonnes bouffes au grand air!






Depuis que je suis très jeune, à cause d'un film de Sophia Loren, l'indomptable beauté, j'aime tout ce qui est gypsy. Entre autres, le flamenco. Avant de découvrir le film The Motorcycle Diaries et sa superbe trame de fond, j'avais déjà été charmée par la voix de DIEGO EL CIGALA, chanteur de flamenco. Le voici avec Bebo Valdes. Ils ont fait un excellent album ensemble Lagrimas Negras qui bien sûr fait partie de ma discothèque.






Une découverte de l'été dernier, THE CAT EMPIRE, un groupe australien qui déménage. Ces jeunes aiment visiblement la musique et la fête! Ils sont réputés pour inviter des artistes locaux partout où ils passent. Dans leur DVD, il y a en autres, un danseur de flamenco qui danse sur leurs rythmes... époustouflant! Pour vous mettre de bonne humeur.



Et il y a MARTHA WAINWRIGHT, la nièce de mon ami Peter. Soeur de Rufus, fille de Kate McGarrigle et de Loudon Wainwright III. J'aime ses textes et sa voix forte et vulnérable à la fois, et son attitude dans la vie. Elle me rappelle le petit côté sauvage de ma fille.




Mon premier 33 tours fut une compilation des succès de SANTANA. Ma mère avait demandé au commis du magasin de musique ce que les jeunes appréciaient afin de me faire un cadeau de fête. Elle ne le connaissait pas. Je ne le connaissais pas, mais ce fut le coup de foudre. J'ai cumulé au moins huit albums. C'est surprenant, car dans la vie, je ne suis pas une collectionneuse, ni une groupie. Santana dure encore, et il est meilleur que jamais.

mercredi 9 mai 2007

Mort, Deuil et Rites funéraires III

Cette troisième partie se veut académique et personnelle à la fois. Une recherche du juste milieu.




Ces dernières années, j'ai enrichi mon rapport à la mort en "désherbant" le jardin qu'est ma vie. En renouant avec la mort et en éliminant enfin le mortifère. Je vous parle en jardinière car je suis animée d'une grande passion parallèle à l'introspection: les atmosphères de la nature végétale. Je me dis passionnée, mais je ne connais pas très bien l'objet de ma passion, nous en sommes encore à un stade d'apprivoisement. Après tout, mes pieds sont en ville, sans motorisé, et quasi tout le temps sur le béton. C'est d'un élan affectif, naturel dont je fais état. J'ai bien tenté un cours en horticulture, mais j'ai manqué de sous pour le terminer. Ce qu'il m'en reste c'est surtout des notions de compostage, de conduite et d'entretien mécanique de tracteur!


Néanmoins, je rêve un jour de créer mon propre paysagement, à flanc de montagne, qui permette de se recueillir auprès de sentiers, de ruisseaux, d'étangs, entourés d'une flore luxuriante, sentant frais l'humus. Mon amie Isabelle et moi nous sommes penchées sur la question de nos choix professionnels, cherchant à définir quelle nouvelle activité pourrait nous plaire tout en faisant un revenu raisonnable. C'est là que l'idée m'est venue: et si je joignais l'utile à l'agréable?


J'aime les fleurs, les paysages et jouer dans les jardins. Nos forêts du nord et des Cantons de l'est sont menaçées par le développement sauvage de projets immobiliers et ont besoin de protection. L'idée d'être coupée, depeçée, vidée de mon sang, lavée par des inconnus sur une table en métal dans une pièce asceptisée sentant le formol et autres agents chimiques comparables, après ma mort, est détestable. Celle de me savoir brûlée, vous vous doutez bien pourquoi, est encore plus nulle. Et la nature, ça se nourrit d'humus et de compost, c'est préférable aux produits chimiques qui brûlent nos terres. En almagamant tout cela, j'eu l'idée de transformer les corps en compost pour nourrir des jardins, faire du reboisement, et faire pousser des fleurs pour la vente (une forme d'auto-financement peut-être), ou pour faire des bouquets que les familles pourraient appporter chez eux. En faire un lieu de célébration de la vie, un terre res nullius pour l'éternité! Mettre à profit une longévité naturelle de l'énergie contenue dans la matière. En faire un nouveau rituel mortuaire. Pourquoi pas? C'est innovateur et certes pas encore un créneau compétitif.


Bon, même Isabelle a fait la grimace, mais positive, elle a tenu à m'encourager. C'est là que j'ai développé une approche plus académique face à la mort, question de me faire un portrait de la situation économique de la gestion de la mort au Québec. Étape no. 1 de tout plan d'affaires, obtenir une vue d'ensemble. Puis, voir ce qui se fait ailleurs dans le mouvement vert. Parce que quelque soit l'idée que l'on ait, il y a toujours quelqu'un sur la planète qui y pense avant ou en même temps. J'ai trouvé que les gens qui s'occupe de la mort sont en général, chaleureux, empathiques et ont beaucoup d'humour. Comme les corporations ont beaucoup de pouvoir dans ce milieu, ceux qui pensent à des méthodes alternatives, partent de très petit et font face à l'énorme problème de se créer un réseau d'affaires subversif, de contrer la résistance au changement de la culture en place. Ça c'est quand ils n'ont pas de problème de fonds financiers, à obtenir des propriétés protégées ou des permis d'opération. Il faut penser hygiène publique. Autonomie financière. Et il faut que ce moyen alternatif offre ce que les autres n'offrent pas: un service à la population réellement moins coûteux, plus en accord avec la conscientisation environnementale. Et surtout, il faut des adeptes. Hum.



C'est lors de la lecture de Stiff: The curious life of human cadavers, que j'ai découvert le projet de Susanne Wiigh-Mäsak et son procédé appelé Promessa. Elle réussi à composter les restes humains en quelques heures afin qu'ils soient absorbés par la terre en moins de six mois. Il y a ici, une possibilité de vivre la mort avec amour et détachement, de vivre la mort comme un passage, comme une transformation de la vie. L'azote liquide, l'élément indispensable de son procédé, est coûteuse. Pour moi, c'est un hic. Cela ne serait pas innovateur que de faire payer très cher le retour à la terre. Aussi, un hachis de viande gelée une fois décongelé, n'a certes pas la même cohésion au goût qu'un steak saignant. Est-ce que la nature peut faire la différence? Ou bien est-ce souhaitable d'obtenir une formule uniforme pour obtenir un compost optimal? Biologistes, micro-biologistes, horticulteurs chevronnés à mon secours! Mais aussi philosophes, physiciens et passeurs d'âmes! Ma question qui peut choquer les sensibles, est en fait en relation avec la nature de la Vérité et des lois régissant l'Univers. N'est-il pas notre devoir quand on crée une conception neuve de la mort, de l'aligner de manière responsable et sensée, au meilleur de notre connaisssance avec la vraie nature de la vie? Sans fausse prétention.


La mise en terre de cadavres au naturel dans un linceul ou un contenant bio-dégradable prend une très longue période à composter, et peut poser des problèmes de polluants. En fait, ils compostent là où ce n'est pas nécessairement utile, trop profond dans la couche terrestre. En revanche, ce processus ne se préoccupe pas vraiment de questionner ce qui nourrirait la terre sans l'obstruer, ou l'occuper si longtemps. Comment se vivrait le calendrier du jardinage autour du lieu d'enterrement si ce n'est pour mimiquer ceux des cimetières actuels? Je serais mal à l'aise de retourner la terre si je suis pour déloger un os ou autres parties des défunts qui éventuellement remonteraient seuls à la surface. Aussi, l'idée de marcher sur des cadavres, même si placés six pieds sous terre, me bouleverse un peu. Question de respect. La plupart des gens règle cette question en plaçant un arbre ou un arbustre sur l'emplacement de la sépulture, où il pousse à l'instar d'un totem animiste, en remplacement de la pierre tombale. Mais pour qu'un jardin soit beau, quelqu'un doit orchestrer la nature avec un quelconque plan d'aménagement!!! On ne peut pas planter des arbres partout, sinon avec l'idée un jour de se retrouver en forêt! Ce jour venu, pourrons-nous les couper pour entretenir les lieux? Comment choisir un arbre plutôt qu'un autre sans éveiller les hauts-cris des familles des disparus? Pourquoi ne pas laisser la place aux vivants? Rester libres de toute entrave physique, rester souples aux transformations du paysage, tout en demeurant en présence de l'essence énergétique de nos disparus, avec respect de l'orientation usuelle de ces jardins, parcs ou forêts. Pourquoi ne pas réinventer nos moyens de se souvenir de nos morts, de préserver notre histoire avec eux? Il pourrait être question de réviser la fonction muséale, les travaux de généalogie, et de réinstaurer l'Art dans nos jardins. Voyez comme ça mijote...


J'ai une urgence dans ce projet: il me faudrait voir de mon vivant sa réalisation afin qu l'on dispose de ma dépouille dans les circonstances de mon choix. Bien que le tout soit plausible, il me serait difficile d'entreprendre une croisade si complexe. Car, au-delà des questions géo-, bio-physiques et légales, il y a celle du culte. Mon seul pouvoir est de communiquer sur ce propos, d'échanger. Peut-être les gens s'accomoderont-ils à cette idée? Peut-être mes propres idées évolueront sur de nouveaux sentiers? Avec de nouvelles circonstances, de nouvelles sources financières, un temps plus opportun viendra peut-être pour que j'aille de l'avant dans ce dossier. Pour la carrière, par contre, dans l'immédiat, il me faut penser plus pratico-pratique.

lundi 7 mai 2007

Mort, Deuil et Rites funéraires II

Cette seconde page est pour faire état de mon expérience personnelle avec la mort. Pour faire la contrepartie au texte aride bien qu'informatif qui précède.



J'avais onze mois quand la fournaise du magasin de mon grand-père a explosé. Mes parents et moi habitions à l'étage supérieur en appartement. Ma gardienne était dans le bain et n'entendit pas la déflagration. La porte de la toilette était fermée. La radio et elle chantaient à tue-tête. Elle ne sentit pas la fumée. Pourtant, l'odeur d'huile et de bois brûlés était tenace. Je me rappelles avoir regardé du haut de la galerie avec fascination les camions rouges des pompiers. Ces derniers s'affairaient à dérouler de longs boyaux. Ils étaient habillés de longs manteaux qui semblaient lourds. Armés de haches, ils traversèrent une foule de balourds et de curieux s'agglomérant en leur sommant de s'éloigner. Le soleil plombait, ce devait être près de l'heure du dîner. Ma mère arriva en trombe de son travail en hurlant. On l'empêcha de monter ce qui attisa sa colère et son hystérie. Elle invectivait à volonté, elle était hors d'elle. On me sommait de rester là et on criait le nom de la jeune étourdie. Les pompiers sont montés et nous ont sortis sans problème. Ma première expérience intense, hormis celle de ma naissance, fut de vivre la réaction de ma mère devant le danger imminent, devant la proximité de cette limite finale, celle de la mort. J'avais maintenant en miroir l'inquiétude et la colère en toile de fond, sa peur à elle. On a tout perdu à cause du dommage de la fumée. Ce fut la raison de notre premier déménagement, d'une nouvelle garde-robe et d'une nouvelle gardienne.


Nous vécûmes trois ans près de l'épicerie. C'est là que je me fis mes premiers amis, les enfants des voisins inmmédiats. J'observai que chaque famille vivait à des rythmes différents, avec des priorités différentes. C'est à cette époque que j'eu mes premiers cours de diction et de bienséance et que je fis ma pré-maternelle privée. Outre cela, j'avais des rapports quotidiens avec des personnages tel la gardienne (j'en changeai trois fois); le facteur qui me conseillait de ne pas coller ma langue sur la glace de la rampe en fer forgé; le boucher qui m'offrait du boudin à chaque fois que je passais devant son comptoir (Erk!); le chauffeur de taxi que j'appela toute seule au téléphone en mimiquant le geste quotidien de ma mère pour qu'il vienne me conduire moi aussi à son travail; ou notre chambreur, André, qui aimait l'art et les belles choses et avait la patience de répondre à toutes mes questions. Sinon, tous les samedi, je jouissais d'un bain de foule juste à circuler dans ma décapotable rouge devant notre maison, c'était jour d'épicerie.


Peu de temps suivant la naissance de ma soeur, nous déménageâmes de nouveau dans plus grand, plus moderne, plus luxueux, plus lumineux... à deux coins de rue. À quatre ans et demi, c'est loin. Les premiers temps, André ou mes amis vinrent rendre visite, puis plus rien. J'avais de nouveaux voisins, mais ce fut difficile de les apprivoiser. Je m'ennuyais de mes autres amis. Mais, ceux-ci m'oubliaient vite. Avec le temps, je parvins à créer de nouvelles habitudes avec mes voisines. Louise Ménard et Dominique Santoire. Elles étaient très différentes l'une de l'autre, et très différentes de tous ceux que j'avais connu jusque là. La maison de Louise était ténébreuse et ses parents, vieillots, son père plus menaçant, mais elle était plus libre. La maison de Dominique était une vraie ruche animée, qui à tous les jours éclatait de rires et de joie. Chez moi, c'était beau et vide. Le silence pouvait y être oppressant. J'y passais souvent mon temps à regarder la poussière suspendue dans les airs que la lumière chatoyait. Heureusement que cela me fascinait, car les gardiennes s'occupaient des tâches ménagères et ne jouaient pas avec moi. La maison devenait animée seulement quand mes parents revenaient du travail. Il n'y avait plus de mouvement de foule, mais une circulation assidue de gens. Nous étions sur le chemin de l'école des garçons et de l'église. C'est à cette époque que je fis ma maternelle et ma première année privée dans une école à la pédagogie alternative pour cette période, et que j'entamai ma deuxième et troisième année à l'école du quartier tenues par des soeurs et, scandale, par les premiers enseignants laïcs du réseau public. Je ne vivais pas bien tous ces changements radicaux de milieux, de liens, mais personne ne semblait le relever, mes parents étaient pas mal accaparés par le nouveau bébé, quand ils étaient là.


Mon premier mort fut James. Mon cousin James. Ma soeur était venue au monde un an plus tôt. James venait me voir une fois par semaine en vélo pour passer du temps avec moi, ce qui donnait un petit répit à ma mère. Il faisait le long trajet, traversait le pont Concorde pour se rendre jusqu'à LaProvidence. Il avait tout juste 11 ans et moi 5. Je me rappelles de ses yeux bruns de biche avec ses longs cils, des yeux doux et tendres. Il était très attentionné à moi. Il promettait toujours qu'il prendrait bien soin de moi à ma mère. Il riait beaucoup et me faisait rire aussi. Il aimait dessiner. Nous parlions beaucoup. À chaque fois, je l'attendais à la fenêtre jusqu'à ce que je le vois arriver en vélo et se rendre derrière la maison pour le stationner. J'étais toujours fébrile et heureuse de le revoir. Puis un jour, ils m'ont dit qu'il ne reviendrait plus car il était parti au ciel. Ils ont dit qu'une voiture l'avait happé mortellement. J'ai été inquiète qu'il ait été étendu là seul sur la chaussée publique, blessé ou sectionné à mort, loin de chez lui. Ils n'ont pas voulu que j'aille à ses funérailles. J'ai eu l'impression d'avoir été punie deux fois: ne plus le revoir et ne pouvoir le saluer une dernière fois. Cela m'a manqué. La communion qu'il y avait eu entre nos esprits n'a jamais été dupliquée à ce jour. Mais ce piedestal pourrait être une incidence du deuil ou de mon sentiment d'isolement, de ma solitude.


Dans ma famille, les morts viennent toujours par trois. Dans les semaines ou les mois qui suivirent, il y eu André le plus jeune frère de ma mère mort noyé. Je ne le connaissais pas bien. Mais c'était tragique. Dix-neuf ans, il était avec des amis à la rivière, ils buvaient, ils plongeaient. Il a crampé et n'est plus remonté. Ma mère en a parlé longtemps comme si cela avait été de la faute de ses amis, puis de sa faute à lui. Puis mémère, 97 ans, la mère de mon grand-père. La plus drôle, la plus malcommode et la plus vivante des personnes âgées que j'ai jamais connu. Mauvaise perdante, elle trichait aux cartes et bonne joueuse, elle faisait du tricycle avec nous. Têtue comme une mûle, elle tenait à vivre seule. Elle aimait malmener les gens au caractère mou... et nous tapait des clins d'oeil quand elle réussissait à les faire fuir en pleurs. Elle était haute comme trois pommes, recourbée de surcroît et ne reculait jamais devant son fils de 6'3". Je n'eu pas le droit d'aller au "salon" pour eux non plus. J'étais trop jeune disait ma mère. Bien que j'adorais Mémère, à cinq ans, je trouvais très acceptable qu'elle nous quitte. Par contre, ces décès touchèrent mes parents plus profondément, et l'atmosphère à la maison était celle du deuil. Elle touchait la famille élargie et dans toutes les maisons une atmosphère de repliement sévissait. Des pleurs derrière les portes closes. Des mines basses. Des discussions animées et des commentaires à propos des autres membres de la famille. De l'inattention. Du changement d'attitude. Déconcertant.


Quelqu'un de la famille de mon père qui vivait à la campagne est mort, et nous y sommes allés. C'était la veillée au corps... dans la maison! Le mort était couché dans son lit, entouré de broderies. C'était une vieille personne qui semblait dormir. Il y avait une odeur de maladie et de décrépitude dans la pièce que celles des fleurs n'arrivait pas à couvrir. Et il y en avait du monde. Les femmes étaient toutes vêtues en noir avec des voilettes sur la tête, des mouchoirs de coton à la portée de la main. Les hommes portaient le brossard noir. Il y avait des éclats de pleurs de temps à autres et on éloignait vite la personne dans un coin plus intime en l'entourant d'attentions. Il y avait des moments de prière où tout le monde s'agenouillait pour réciter le chapelet, la pièce aspergée d'encens, la tête penchée. Les gens chuchotaient, les proches sanglotaient, soupiraient, racontaient les derniers moments, se remémoraient le passé, se donnaient les dernières nouvelles. Tant que le prêtre était là tout le monde était sur son 31. Mais dès qu'il quittait, l'atmosphère relaxait, on parlait plus fort, on dénouait les cravates, on roulait les manches, agissant comme si le mort était toujours vivant parmi eux. Les gens mangeaient et buvaient abondamment. Les enfants ne tardaient pas à se regrouper ensemble pour s'occuper, ou étant chassés par les adultes s'ils se faisaient trop bruyants, les laissaient libres de transgresser les limites et faire de l'exploration de la propriété puisque les adultes ne surveillaient plus si bien. Toute ma famille y était, mes oncles, mes tantes, mes cousins, ma cousine. Nous étions en famille élargie parmi d'autres cousins, cousines. Les adultes se connaissaient tous. Certaines de ces connaissances tentaient de me pincer les joues, m'intimidaient, me disait comme j'avais grandie. Et le soir, les enfants tombaient un à un, de fatigue, de sommeil. Je m'éveillai chez moi le lendemain matin et la vie continua comme si rien ne s'était passé.


Il y eu beaucoup de décès dans cette période de ma jeunesse. Ces deuils n'étaient pas personnels. Souvent, vêtue de noir, je me suis jointe à la famille pour accompagner ami(e)s et parents éloignés à leur dernier repos. Après l'inévitable visite au salon mortuaire où l'odeur des fleurs fraîchement coupées et légèrement réfrigérées nous prenait le nez, nous faisions partie des longues processions qui menaient du salon à l'église et de l'église au cimetière. Souvent, il faisait lourd, froid, venteux et pluvieux, le temps de dire adieu. Aucune des cérémonies ne se ressemblait, car le rapport à la personne ou celui qui était entretenu avec la religion changeait imperceptiblement selon les familles, les bourses ou les années.


Parce que mon père désirait ouvrir un second commerce, nous avons changé de résidence à nouveau. De Saint-Hyaçinthe, nous avons emménagés à Beloeil, où nous sommes restés cinq ans. Jusque là ma vie avait été scandée hebdomadairement par la visite dominicale chez mon grand-père paternel où je retrouvais mes cousins et ma cousine. C'était ma principale activité de socialisation. Bien qu'on leur rendit visite de temps à autres dans les années qui suivirent, il n'y eut plus jamais la même proximité. Je devins une étrangère, et bien qu'il sont toujours ma famille et que ce lien soit indéniable, ils me devinrent étrangers.


En jouant dans le quartier un jour, je me retrouvai devant un oisillon tombé de son nid. Cela me prit du temps pour faire du sens de ce que je voyais. Le corps était translucide et n'avait pas de plumes. Le corps était tordu dans une position qui ne semblait pas naturelle, légèrement figé, mais encore mou et flasque. La mère piaillait avec force au-dessus de ma tête semblant m'accuser de lui avoir arraché son petit. Je m'éloignai sans avoir pris le temps de l'examiner à fond. Je sentis une vague d'inquiétude me submerger, comme un faux pressentiment, un mauvais tour de mon imagination.


Une autre fois encore, à la recherche d'aventure dans mon temps de loisir, j'épiai le voisin arrière qui à chaque fois qu'il arrivait chez lui passait du temps dans son garage. Juchée sur le pieu de la clotûre, en équilibre, je l'espionnai. Il dépeçait du poisson. Quand je l'ai réalisai, j'ai crié d'horreur, me sauvant voir ma mère pour lui dire que notre voisin était un meurtrier. Ils ont eu beau m'expliquer, je suis toujours restée sur mes gardes devant de cet homme-là et je n'ai plus jamais regardé par sa fenêtre.


J'aimais bien les petites bêtes. Sous le porche arrière, j'avais trouvé une famille de souris. Je leur avais construit un enclos avec des bâtons de popsicle. Mon père me surprit plusieurs jours plus tard à ce jeu. Et, sur un ton sarcastique m'a dit que nous allions faire une expérience. Il remplit d'eau un bocal de verre, y mit les souris qui nagèrent instinctivement et ferma hermétiquement le couvercle, malgré mes protestations. Après une éternité, elles tombèrent une à une au fond, créant chaque fois une secousse douloureuse au plus profond de moi. Quand la dernière toucha le fond, il me dit: "Voici la leçon: les souris ne meurent pas noyées, elles meurent d'épuisement." Puis, il les déversa dans la bouche d'égoût à la rue. J'eu un sentiment d'impuissance insondable. Mais la raison, que ces petites bêtes étaient une nuisance pour un commerce publique, était tout aussi implacable.

À Beloeil, je fréquentai l'école Dominique-Savio avec des laïcs afin de terminer ma troisième année entamée à l'École Jacques-Cartier de LaProvidence; l'école Marie-Rose avec des soeurs pour ma quatrième et cinquième; puis à l'école Saint-Matthieu dans une classe d'essai d'enseignement alternatif pour la sixième. Cette dernière me poussa à réfléchir par moi-même.

C'est à cette époque, quand j'avais neuf ou dix ans, qu'en cachette, je lu une série de livres du Reader's Digest sur les infâmies de la deuxième guerre mondiale: le sort des juifs, des pauvres, des handicapés dans les camps de concentration et leur extermination. Soutenu par d'abondantes photographies choquantes, très étrangères à l'univers feutré dans lequel ma vie baignait, ce récit a entamé une onde de choc. Si cela se passait ailleurs, qu'est-ce qui nous préservait du fait que cela puisse se passer ici (Horreur!)? Était-il possible de tempérer les gestes qui mènent à ces atrocités (Sagesse!)? Comment pouvais-je jauger l'intérêt que portait mes parents à la littérature sado-masochiste pour exciter leur vie sexuelle, (aussi dénichée en cachette) puisque cela impliquait simuler l'infliction de la douleur et de la prise de possession faite contre la volonté de quelqu'un (Confusion!)? Que dire de toutes les interdictions que mes parents imposaient... contre ma volonté, contre mon, que dis-je, notre, propre sens des valeurs? Vous voyez le topo. La révolte devant la contradiction.


Nous revinrent dans ma ville natale afin de pouvoir débuter mon secondaire en école privée (Congrégation de Marie et laïcité). Nous avons vécu dans une maison en location pour un an. Et dans cette année, toutes sortes d'autres changements ont pris place. J'eu mes premières menstruations. Il y eu le trio maléfique. Mes deux grand-pères sont décédés: le père de ma mère que je ne connaissais pas, qui avait toujours été très présent par son absence; et, mon grand-père qui avait mené sa famille en patriarche autoritaire laissant sa famille désarmée à courir comme une poule sans tête, désarticulant notre communauté familiale. Puis Marie, une soeur de ma mère, de qui on me disait le sosie, morte tuée par la dague d'un amant possessif et dont les restes furent retrouvés dans des sacs à poubelle. Une autre soeur de ma mère a quitté son mari et est venu vivre chez nous avec ses deux enfants. Puis ma grand-mère, vivant seule à présent, est tombée d'une chaise se cassant le bras, ce qui nécessita des traitements quotidiens à la parafine, traitement que ma mère seule savait prodiguer. Je fréquentais une nouvelle école. Et dû à mon nouveau statut de femme, de nouvelles règles de vie très restrictives sont tombées en vigueur sur mes allées et venues. Malgré cela, il y eu le trio bénéfique: Paul, Marc, et André qui sont devenus mes amis, mes ancres dans la tempête. Aussi, je suis devenue la gardienne attitrée de ma soeur. Rapport turbulent, nous étions toujours en chicane. Une année bouleversante pour moi. J'ai coulé mon latin car je préférais me réfugier à l'heure des lettres mortes dans un local où les soeurs abritaient des chats perdus et affamés, à la recherche du silence et de la tranquilité qui maintenant me manquaient plus que tout. Mais toujours révoltée. Jugée indomptable et indisciplinée, on m'envoya comme pensionnaire dans un couvent de campagne l'année suivante. Mais cela répondit à mon souhait le plus cher.


Pour recouvrir ces souvenirs primaires que je viens d'étaler devant vous, j'ai dû accepter qu'il n'en fût pas autrement. Ces moments de ma vie ont régit comment je choisis de réagir par la suite face à d'autres changements, d'autres disparitions. Ayant enfouis en tout ou en partie mon passé, j'ai eu peine à vivre mon présent. La prise de conscience de ces changements, parfois radicaux, de ces bouleversements profondément significatifs, de la mort de mes proches, ou du mortifère de mes proches forme le tissu propre de ma vie d'où peut-être l'absence de reluctance à en traiter... aujourd'hui. Tout simplement.

vendredi 4 mai 2007

Mort, Deuil et Rites funéraires I

La mortalité n'est pas un sujet macabre. Après l'inspiration, c'est l'expiration. C'est le propre de la vie. Dans notre société, vieillissement et obsolescence font pressentir un peu trop la proximité de la mort. On la combat farouchement par la jouvence, la nouveauté et le divertissement. La mort, en revanche, semble générer une activité intensive afin de réduire notre déni. Déni en soi comme en l'autre du passage du temps et du changement suscite beaucoup de tensions pour nous rappeler à une vie plus clémente. L'inertie, le statu quo, l'absence de sens critique dans la société qui obligerait le regard à la fois sur ce qui vit et ce qui meurt est une mort symbolique. La peur excessive de mourir, c'est la peur de vivre... Plus on garde la mort à distance, plus elle nous assaille... avec violence. Mais, il y a peut-être de l'avenir à vouloir retarder le moment final, la cryobiologie se penche sur la question.


Il peut arriver que l'on puisse mourir par choix, le nôtre (suicide (1, 2, 3), euthanasie (1) ou celui de quelqu'un d'autre (avortement (1), homicide, peine de mort (1), génocide (1)), seul (maladie, vieillesse*) ou en même temps qu'autrui (suicide par pacte, suicide collectif, guerre (1)). Il y a les accidents hors de la volonté de quiconque de nuire et les désastres naturels. Il y a 1001 manières de mourir, mais 23 catégories de causes de décès.

* "Mourir de vieillesse, c'est une mort rare, singuliere et extraordinaire, et d'autant moins naturelle que les autres : c'est la derniere et extreme sorte de mourir : plus elle est esloignée de nous, d'autant est elle moins esperable : c'est bien la borne, au delà de laquelle nous n'irons pas, et que la loy de nature a prescript, pour n'estre point outre-passée : mais c'est un sien rare privilege de nous faire durer jusques là. C'est une exemption qu'elle donne par faveur particuliere, à un seul, en l'espace de deux ou trois siecles, le deschargeant des traverses et difficultez qu'elle a jetté entre deux, en cette longue carriere." Montaigne, Essais - Livre I


La mort délimite la vie. C'est sa cessation. Une minute tu y es, l'autre tu n'y es plus. La mort, c'est personnel. La mort est une fin et un changement à la fois. Car une personne disparaît, passe à trépas, retourne à la poussière, et tous ceux qui étaient connecté à elle apprennent à vivre sans, en aménageant le vide, en transposant, projetant, remplaçant tout cet espace physique, affectif, imaginaire que l'autre occupait, sans l'oublier. C'est peut-être pour cela que la mort d'un enfant est si douloureuse, nous les parents, avons tellement de rêves pour eux, et pour leur bien nous leur sommes si attachés. Inévitablement, nous sommes placés devant notre propre finitude quand celle d'un autre arrive, ou lorsqu'on la voit de trop près soi-même, peu importe la circonstance. C'est un processus qui revient souvent, obligatoirement, dans la vie que d'avoir à faire face à la mort, faire face au temps souvent trop court qu'il nous reste à vivre, à notre fragilité, ceci nous ramène au sens que nous donnons à notre propre existence.


L'affaire la plus pressante: disposer du corps. Pour des raisons d'hygiène, de salubrité, de santé publique, au Québec, la loi (1, 2, 3, 4) impose que la préparation, l'embaumement, la crémation ou l'incinération (1) des défunts se fasse dans un délai allant de 6 heures à 48 heures après le constat de décès.
Pour les dons d'organes et de son corps aux arts et à la science, sort appliqué aux cadavres non-réclamés, cela doit se faire dans les 48 heures. Mais attention, il existe des restrictions pour ceux qui meurent de maladies contagieuses, ainsi que pour les criminels et leurs victimes. Même dans la mort, ils demeurent des éléments de preuve potentiels et sont marginalisés, sujets à l'exhumation. Des exceptions peuvent s'appliquer à ceux qui meurent loin de leurs proches ou qui sont réclamés au loin par leurs proches, car cela entraîne des délais incontournables.

L'industrie de la thanatopraxie, composé de compagnies multinationales, de coopératives funéraires et de quelques particuliers indépendants, pratique un fort lobbying auprès des créateurs de lois afin de maintenir leur monopole sur cette clientèle cadavérique fidèle et régulière, une source de revenu qui ne tarit pas. Elle hérite officieusement de l'ensemble des activités autour de la mort et des restes humains, qui ne sont pas sans risques, hormis peut-être la gestion des cimetières (1, 2, 3, 4, 5, 6), qui relèvent de la gestion des municipalités. Du moins, en Ontario sont-ils des services divisés par la loi. Le marketing de la mort sous la forme des pré-arrangements est devenu un produit comme un autre, réduisant au goût du jour du futur défunt cette importante étape de vie de ceux qui lui survivront. L'imposante présence de ces géants rend difficile de concurrencer leur influence afin de modifier les lois pour permettre l'éclosion de nouvelles pratiques (1) tel passer "de la poussière au compost" moins onéreuse et indigeste pour le sol ou celle strictement soucieuse d'une mise en terre verte (1, 2) souvent acompagnées de la plantation d'un arbre, d'un bosquet ou d'une plaque. Je ne manque pas de faire un parallèle avec l'industrie de l'automobile, ou celles des pays pétroliers qui ne voient pas d'un bon oeil le virage vert, car c'est pour eux une mort annonçée de leur économie. D'où, pour faire répartie, l'éclosion des hybrides à revenu équivalent et à consommation légèrement plus faible que les voitures à grande consommation de pétrole, leur permettant de garder le monopole. Les hybrides mortuaires sont les services à la carte personnalisés. Qui dit changer cette lancée économique, dit opposants, car il y a toujours des gardiens de la tradition pour faire prévaloir, malgré eux, la vertu du pouvoir économique.


Les rituels funéraires ont de l'histoire, selon les pays, les religions. Échappant aux différences culturelles, certains métiers sont essentiels à la mort. Sur le terrain: celui de fossoyeur, et du fabricant de monument. L'annonce publique du décès, via les rubriques nécrologiques, est un art en soi, pour laquelle bien des écrivains et journalistes refusent encore de se conformer à une formule toute faite. Ce n'est pas le lot de tous. Ces condensés de vie se veulent une historiette de la biographie du disparu. Les fleuristes aussi, de tous les temps ont bénéficié de la mort.

Si nos petites bêtes n'ont pu être réchappées in extemis du manque de souffle, les rituels funéraires s'étendent même à leur disparition. Disposer d'un cadavre animal n'est pas évident, cela relève des règlementations municipales (SPCA ou Berger Blanc). Les frais incombent au particulier, sauf si le corps du défunt animal est sur la voie publique où cela relève de la Municipalité. Trouver de l'information sur ce qu'il leur advient après est difficile. Les carcasses d'animaux de ferme se retrouvent dans l'industrie des sous-produits de l'alimentation. On se doute bien que quelque part dans l'histoire, nous devrions relever les activités de la pharmacologie... Mais vous avez la possibilité de choisir: crémarium, cimetière (1) ou hommage virtuel (1) pour le salut de l'âme des petits animaux.


Lorsque vient le temps de pleurer celui ou celle que l'on a perdu et faire son deuil, cela est parfois difficile et nous pouvons avoir besoin d'une aide ponctuelle. La soudaineté, l'injustice et la violence d'une disparition prématurée peuvent laisser des traumatismes. Un retour sur nos valeurs spirituelles s'avère souvent nécessaire pour faire du sens de notre expérience.

Les rites funéraires seraient à l'origine de l'Art. Du moins, l'histoire est mise en relief par l'art que l'on retrouve dans lieux de sépulture. Et les sciences judiciaires (1, 2, 3, 4) contribuent à l'histoire en analysant les restes humains et les artefacts. Les séries télévisées CSI (f), de style polar, sont très en vogue. Kathy Reichs qui est anthropologue judiciaire pour la province du Québec et pour l'état de la Caroline du Nord, a écrit une série de romans d'investigations policières, très populaire, grandement inspirée de son propre vécu. Dès la découverte d'un crime, l'entomologie (1, 2) ou l'étude des insectes, peut déterminer l'heure de la mort. La généalogie se sert des entrées de livres, des pierres tombales, pour retracer le passé. Ce qui pose le problème de la reconstruction du passé à partir de sites verts où en deça de six mois tout est absorbé par la terre, sans laisser de traces.
On retrouve le thème de la mort dans toutes les sphères des arts créatifs, de la sculpture, la littérature et la musique. La série télévisée Six feet under (f) a su dépicter avec imagination, sensibilité et exactitude l'expérience d'un centre funéraire familial indépendant. La mort peut même être un thème de villégiature. Lieu de visite touristique réputé, le cimetière du Père Lachaise est un panthéon des morts. N'oubliez pas les catacombes, l'ossuaire municipal de Paris. À Montréal, on peut trouver un circuit de promenade dans nos cimetières. Nouveau phénomène social de notre temps et à travers le monde, les jeunes endommagent (1) les cimetières en jetant les pierres tombales par terre, ou en inscrivant des messages haineux sur ces dernières.
Plus dérangeants, les sujets marginaux du cannibalisme (1, 2) de la nécrophilie (1, 2), et du vol de cadavres inévitablement liés à celui de la mort, peuvent bien nous donner des frissons, mais demeurent des survenances possibles.
Pour ceux qui aiment vraiment le sujet, il y a un forum sur tout ce qui se rapporte à la mort.
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