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vendredi 15 août 2008

La peau individuelle - Trafic et orifices I - Yeux, nez, oreilles, bouche

La peau présente divers orifices naturels par lesquels une variété d’informations, de fluides, de corps, de parfums, de messages font leur entrée dans l’organisme ou trouvent une issue hors de celui-ci. Yeux, nez, oreilles, bouche, nombril, organes génitaux, anus, pores, glandes… chacun jouit de fonctions qui lui sont uniques. Pour certains orifices tels les narines, la bouche, le vagin ou l’anus, la peau se transforme en muqueuse, humide, lubrifiée et dépourvue de couche inerte superficielle. Le tube digestif, l’appareil respiratoire et les voies urinaires en sont aussi dotés. Larmes, morve, cérumen, salive, bile, lait, glaire ou sperme, excréments liquides et solides, sels, eau, hormones et sang sont régulièrement excrétés, exercice cyclique, purgateur, nutritif, ajustement à l’équilibre ambiant et marques d’états particuliers, reconnaissables, porteurs de sens. Certaines marques sont uniques à soi et certaines sont communes à tous les humains, à tous êtres vivants.


Les yeux font partie de la surface de la peau. L’orbite baigne constamment dans du liquide qui nettoie les poussières ou les corps étrangers. Des larmes sont versées lorsque l’on ressent de la douleur ou des émotions douloureuses, mais aussi quand il y a de la joie et des rires. La fonction principale des yeux, la vision, nous provient d’un réflexe primitif de protection face à un environnement hostile qui demande une intervention rapide. Elle permet la poursuite de tout objet menaçant se déplaçant dans notre champ visuel. Un mouvement perçu par réflexe alerte immédiatement des zones cérébrales concernées. Il en résulte un déplacement spontané de la tête vers l’objet afin d’en transmettre une image au centre nerveux qui sera interprétée par le cerveau qui, à son tour, décidera de la conduite à tenir : la fuite, la chasse, l’immobilité ou… l’indifférence. Une bonne vue implique l’acuité visuelle; la perception d’un champ de vision par la reconnaissance des contrastes, des formes et de l’espace; la vision et l’analyse des couleurs de la lumière et des ombres; une bonne vision binoculaire et stéréoscopique; et un bon dynamisme puisque la vision engage un mouvement constant du corps, des modifications et changements incessants de la posture selon la distance visée. La bonne vision dépend ainsi de notre état général, de notre âge, de maux qui peuvent solliciter notre système de défense, notre énergie, notre concentration, et divers facteurs variables au cours d’une même journée. L’accommodation, phase où l’œil s’habitue et s’adapte à quasi n’importe quelle situation nous fait perdre peu à peu la vigilance ou la perception fine de notre propre état. Telle, la vision nocturne qui nous voit passer de la noirceur dense qui immobilise à la distinction graduelle de nuances de gris nous permettant de nous déplacer. Nous sommes capables de percevoir 15 000 nuances de couleur. Le daltonisme a peu à voir avec les frères bagnards de Lucky Luke, mais tout à voir avec la transmission génétique par le chromosome X d’un état qui ne permet pas la perception normale des couleurs, soit par un mauvais fonctionnement ou une absence de canal oculaire. Pour la couleur des yeux, c’est la mélanine qui colore le pigment de l’œil. La cécité est l’absence totale de vision. On compte aussi les mal-voyants à moins de 1/20 parmi la population aveugle.


Antichambre des poumons et des voies respiratoires, le nez est tapissé d'une muqueuse autonettoyante qui humidifie, climatise l'air que l'on inspire à une température acceptable pour le corps et filtre les particules de poussières et de microbes. Une des fonctions du nez est l’olfaction ou l’odorat, reconnaissant et contrôlant l’air respiré et, la gustation, dépistant plus que goûtant l’odeur spécifique des aliments. L’homme peut distinguer jusqu’à 400 000 odeurs différentes avec ses 5 millions de cellules sensorielles. Les phéromones, des molécules inodores, influencent notre vie de manière subtile. Ces dernières agissent comme messagers entre des individus d’une même espèce. Elles jouent un rôle primordial lors des périodes d'accouplement pour attirer le sexe opposé. On croit que cela peut aussi expliquer les cycles menstruels synchronisés entre femmes qui se côtoient quotidiennement. Les récepteurs protéiniques des parois nasales jouent un rôle non seulement dans l’odorat mais aussi dans la vision, le goût, et même la mobilité des spermatozoïdes ou encore la communication sociale. Le plaisir sensoriel des odeurs et des parfums est sans doute un moyen que l’évolution a trouvé pour guider les organismes supérieurs vers les choses dont il est bon de s’approcher pour accroître ses chances de survie. L’odeur est l’un des meilleurs messagers du bonheur probable ou du danger à fuir. Peu importe que notre nez soit droit, busqué ou retroussé! Une fonction fondamentale du nez est la respiration dont la principale action est l’apport en oxygène aux poumons où l'air est constamment renouvelé et en contact avec le sang qui circule sans cesse à travers tout le corps. Cet oxygène essentiel donne de l’énergie à notre corps de manière directe. Nous ne saurions nous passer de respirer pour plus de quelques minutes, alors que nous saurions nous passer de manger pour quelques jours.


L'homme réagit aux vibrations avec une remarquable sensibilité. L’oreille perçoit les basses fréquences sous forme de paroles, de musique et de bruit. Toutefois, dans un grand nombre de situations, l'oreille ne perçoit que les effets indirects des vibrations sous la forme d'un bruit solidien secondaire soit un bruit provenant de corps solides provoqué par des vibrations. Les sons indiquent un mouvement, une propagation continue d’une onde, un phénomène vibratoire entre 20 Hz et 20 KHz. La fréquence des sons, du grave à l’aigu, est exprimée en Hertz (Hz). Les sons sont transformés en influx nerveux et voyagent le long du nerf auditif jusqu’au cerveau en charge du décryptage et de l’interprétation. En résulte la compréhension, la reconnaissance et le plaisir. Le silence, quant à lui, est fréquemment perçu comme un bruit de fond comme on en trouve dans la nature. Le silence absolu existe toujours pour un sourd, mais pour ceux dont l’ouïe est intacte, il existerait dans l'espace là où il n'y a pas de matière permettant de transmettre les ondes sonores. Même immergé dans cette condition idéale, nous entendrions toujours les chuintements de notre sang qui circule, de notre cœur qui bat, des mouvements d’air de nos intestins. Les oreilles bouchées, altérant notre ouïe, sont souvent dues à une accumulation de cérumen. Cette matière cireuse, onctueuse et jaunâtre, est initialement sécrétée dans le conduit de l'oreille externe par certaines glandes en guise de protection. L’acouphène, des sifflements, des bourdonnements ou des tintements continuels ou intermittents dans les oreilles ou la tête sans stimulation auditive directe, fait souffrir plus de 700,000 personnes au Québec. Si on est malentendant, il est possible d'obtenir une prothèse auditive (appareil à conduction osseuse) ou un implant cochléaire afin de compenser notre handicap. La manière dont le bruit est perçu par chacun est hautement subjective. Le lien entre gêne et intensité physique du bruit est variable d’une personne à l’autre. L’organisme réagit à une stimulation acoustique de façon non spécifique comme pour une agression physique ou psychique. Si la répétition des agressions est élevée ou soutenue sur de longues périodes, cela épuise. Il nous faut autant que possible rester sous nos seuils de tolérance à la fatigue pour être protégés envers des atteintes psychiques, physiques et sociales. Ainsi, en période de sommeil, l’organisme s’habitue normalement aux bruits et se recharge. Si le sommeil est interrompu ou affecté, la restauration des énergies ne s’opère pas correctement. Aussi, l'oreille joue un rôle dans l’équilibre de notre corps. Celui-ci est assuré par trois systèmes étroitement liés et interdépendants : l'appareil vestibulaire, partie de l’oreille interne, informe sur les déplacements et la vitesse de déplacement de la tête dans l’espace ainsi que sur la position de la tête par rapport à l’axe de gravité; la vision informe les centres nerveux sur la situation réelle du corps dans l’espace; et la proprioception informe sur la manière dont notre corps prend contact avec le sol par la voûte plantaire et évalue la manière de conserver notre équilibre grâce au jeu musculaire et articulaire. Sous l’eau, nous sommes livrés à une sensation illusoire d’apesanteur car ces mêmes systèmes sont perturbés et altèrent notre perception.



La bouche est composée de deux zones distinctes derrière les lèvres : le vestibule, cet espace qui gonfle les joues lorsqu’on souffle, et la cavité buccale qui protège trois organes essentiels : les dents, la langue et les glandes salivaires. La bouche couvre plusieurs fonctions: ingestion, mastication et humidification des aliments; transport et déglutition vers l’œsophage; début de dégradation des sucres par la salive; passage de l’air; phonation; et goût, sans compter la fonction esthétique et expressive. Nos trente-deux dents sont essentielles et ont chacune des fonctions précises: les incisives et les canines servent à déchirer et à couper; les prémolaires et les molaires à broyer les aliments. La pression exercée par la mâchoire de l’humain est de 15 à 20 kg/cm2. Et l’émail qui recouvre les dents est la substance la plus dure du corps humain. Les dents de sagesse signent l'accomplissement de la personnalité, la fin de l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte. Sans dents, point de sourire, point d’élocution. Afin de maintenir les habiletés de la bouche et la santé, des prothèses amovibles ou des implants peuvent être adaptés. La langue est l’organe le plus puissant de l’homme. Dix-sept muscles traversés par une artère, des nerfs moteurs, sensitifs et sensoriels la forment. Elle est sertie de papilles capables de reconnaître les saveurs sucrées, salées, amères, acides ou le glutamate. Tout autre arôme est perçu par le nez. La bouche est un outil pour sucer, aspirer, mordre, lécher, caresser, pincer, prendre, cracher, souffler, chanter, imiter, grimacer, siffler, goûter, rire, sourire, avaler, parler, crier, bouder, embrasser… La bouche est très habile et a de multiples talents. La production du son vocal, ou phonation, est obtenue par l'envoi d'air à travers deux cordes vocales en vibration, situées dans le larynx, puis par amplification et résonance grâce aux différents organes résonateurs, comme le pharynx, la cavité buccale ou les fosses nasales. La voix humaine est capable de produire une très grande variété de fréquences. Trois critères déterminent le timbre de la voix ou la qualité de la voix, indépendamment de son intensité et de sa hauteur: des conditions d'accolement des cordes vocales, de leur épaisseur et enfin des caractéristiques anatomiques des cavités de résonance (pharynx, bouche et cavités nasales). Au-delà du message qu’elle porte, la voix traduit un vécu intérieur. Elle reflète nos émotions, nos états d'âme. Les imitateurs ont des cordes vocales élastiques, permettant une étonnante transformation de leurs organes. Ils sont fins observateurs et attentifs au moindre détail des mimiques et des voix d’autrui. Ils réussissent bien à reproduire ce reflet de nos émotions, du moins est-il amplifié pour mieux être parodié. En musique, le son perçu à la sortie d’un instrument de musique à embouchure est le résultat de l’amplification d’une vibration qui se forme grâce aux lèvres. La bouche peut remplacer la main, tel pour ces quadraplégiques qui peignent. Mais surtout, la bouche émet par la parole les langues qui servent à la communication humaine en construisant l'expression du sens partagé de nos expériences. On dénombre près de 7,000 langues et nombres dialectes à travers le monde. Éloge de la différence au centre de la problématique de la Vérité : la construction de sens enflamme les passions.

vendredi 18 juillet 2008

La peau

J’ai toujours entretenu une relation particulière avec ma peau. En fait, cette relation a marqué plus que skin deep ma relation au monde. Je suis une hypersensible. À peine trois mois d’âge, j’étais déjà couverte de la tête aux pieds avec de l’eczéma. Ici, on parle de la peau qui démange, douloureuse, qui nous pousse à nous gratter jusqu’au sang par manque de se faire toucher. L’eczéma va et vient en crise au gré du seuil de nos tolérances. Hors crise, ma peau a toujours présenté une condition visible héréditaire : une «peau de poisson», à tendance sèche et écailleuse bien caractéristique. Je neigais des peaux mortes tous les jours et laissait des traces blanches sur tout ce que je touchais. Comme les serpents, je changeais de peau, pour faire peau neuve. La cohabitation du mortifère et de l’appétence pour la jeunesse éternelle sont mes balises depuis toujours – ce n’est pas seulement une préoccupation adulte.

La peau sèche augmente la probabilité de chocs électrostatiques … d’où probablement une grande irritabilité à toutes fibres qui ne soient naturelles, à certains composants de crèmes et à certains types de lumière aussi. Mais, elle a l’avantage de ne pas nous gêner par la transpiration. Son entretien est exigeant, quotidien et sans compter coûteux. Les irrégularités psychosomatiques de ma peau ont duré jusqu’à mes vingt ans – jusqu’à ce quelqu’un m’ait réellement entendue – sans qu’il me touche. Lorsqu’on parle de peau, il n’y en a pas que pour la sexualité. La peau fait partie de l’espace social – et le mien était bien isolé, hors d’atteinte, en deça de la proximité physique, sans aucun lieu pour s’exulter et j’en souffrais! C’est ce qui a fait de moi une extrovertie, c'est ce qui m'a poussée à prendre une attitude qui tend à attirer l'attention des autres sans nécessairement avoir le savoir-faire pour transiger avec eux. Enfant, on apprend à occuper juste l’espace qu’on nous donne. Ma peau exprimait le manque d’espace intime autour de moi pour mon propre développement et en portait tous les signes. Jeune adulte, j’ai cherché à combler ce manque de relation intime dans le nombre des rencontres, et les déplacements qui sont contraires au fait d’être immobile et isolée. Mais, ça c’est l’école dure qui m’a fait passer de la mère dans ma peau à l’amer dans ma peau. C'est plus tard que j'appris à aimer ma peau.

J’ai fini par comprendre que ma mère, sans avoir vécu l’inceste, avait été marquée par les conséquences de l’inceste vécu par ses proches. Cela explique sa relation avec moi qui était la même qu’avec une poupée de porcelaine, marquée d’une barrière inhumaine, faite de chaleur distante, de silence et d’infantilisme. Avilir par trop d’idéalisation. Mon père témoin et inquiet de cette tournure a cherché à compenser en nous inculquant l’ouverture face à notre corps et celui d’autrui. Et la leçon fut quotidienne toujours en respect de cette limite à ne JAMAIS franchir, celle de l'intégrité. Mes parents étaient culturistes de métier. Des être humains nus, dans toute leur splendeur et déficience, j’en ai vu. Egos, morphologies, muscles, couches adipeuses, diètes et programmes d’entraînement adaptés ont été des sujets ouvertement discutés à table. À l’époque, ce qui était commun chez nous, était tabou ou étranger partout ailleurs, et vice versa! Notre famille était perçue d’avant-garde plutôt que décriée ou passée sous silence. Ironique que mes parents aient œuvré dans une sphère de l’intimité hautement gardée : celle de la chair, chair fluctuante mais pas ouvertement malade. Leur principal défaut dans notre intimité faisait leur force dans le public! Leur distance naturelle et leur discipline monstre leur ont permis de toujours maintenir une attitude irréprochable sur le plan professionnel!

Pour mes treize ans, ma mère a eu l’idée saugrenue de m’offrir une chirurgie. J’avais un grain de beauté sous la cloison centrale du nez qui ressemblait en tout point à de la morve. Je faisais régulièrement face au malaise et aux taquineries des gens. C’est ce qui a fait brandir le scalpel de ma mère. Le problème est que ce nævus avait une racine de plusieurs millimètres. En recousant l’ouverture ainsi créée, le nez s’est retrouvé dévié. Trois chirurgies réparatrices plus tard : je ne me ressemble plus; il n’y a plus d’espace pour de nouvelles cicatrices dans les cloisons intérieures de mon panache; j’ai perdu d’innombrables sensations et perceptions d’odeur et j’ai gagné l’impression d’avoir un objet non identifié au milieu de mon visage, comme dans un tableau de Picasso. Oh j’oubliais! C’est peu visible, quoique certaines personnes ressentent un malaise indéfini à ma vue... et je sens venir les orages! Vous comprendrez que je ne comprends absolument pas pourquoi les gens courent chez les chirurgiens plastique pour se faire dépecer volontairement!!! L’apparence, on n'en fait pas l'expérience dans notre peau et ce que l'on sent au nom de l'apparence n'est pas ragoûtant! L'aspect positif de l'apparence tient essentiellement dans le regard de l’autre! Pourquoi faire ce sacrifice-là? N’en est-il pas de meilleurs pour l’humanité? En tout cas, ce fut un cadeau… euh… dont les connotations n’ont pas seulement fait violence à mon nez…

Quand je suis devenue mère, j’ai tenu à allaiter mon enfant. Une expérience indicible et salvatrice. Tout un transfert de vie est contenu là, dans cet acte qui colle la peau contre la peau. Dès le départ, j’ai eu très peur de transmettre mes manques. Cela m’a gardé alerte. J’insiste encore aujourd’hui pour qu’il n’y ait aucune barrière physique entre moi et ma fille. C’est notre lieu commun. C’est notre maison à défaut d’en avoir une. On se voit, on se serre. On ne se comprend peut-être pas toujours, mais on est là, bien concrètement l’une pour l’autre.

Autre expérience : j’ai été exposée à la maladie de Lyme par la piqûre d’une tique. Les trois premiers mois, j’ai été couverte de la tête aux pieds avec des plaies cancres qui se présentaient avec de grands cercles rouges mais seulement après que le phénomène ce soit propagé en migrant d’un membre à l’autre. J’ai mis deux ans à stabiliser mon grain de peau. Ces «boutons» ont laissé des traces permanentes de leur passage. Cette maladie, combinée aux troubles immunitaires de la maladie de Graves, m’a obligé à vivre plusieurs années à demi-jour en retrait de la vie sociale, à traîner ma peau, par gêne et par fatigue. Un des symptômes dû au grand mimétisme de ces affections a été l’affaissement (temporaire) de la peau et des muscles de mon corps comme dans les maladies neuro-musculaires, au point de ressembler au Sharpei. Mignon sur le chien.

Pas facile de vivre avec sa peau en porte-à-faux! Heureusement qu’elle se regenère sinon imaginez qu’elle porte visiblement tous les coups, cassures, brisures, déchirures, piqûres, et reflète tous les états d’âmes vécus depuis la création de notre existence… Nous serions plus hideux que des lépreux! Mais c’est aussi pourquoi nous pouvons tous être indulgents à ceux qui sont éprouvés, parce que nous savons ce que c'est d'être affublés de cicatrices. Bien qu’elles soient moins visibles, certaines sont là pour rester et affectent qui nous sommes de manière définitive.

Aujourd’hui, je commence à montrer quelques signes de vieillissement. Tout se transforme déjà de manière perceptible et irréversible. Mais cela agresse que mon sentiment d'attachement à la vie, c’est finalement une évolution normale de la vie.

La peau est un vecteur de notre condition humaine. La peau est indissociable de l’enjeu de notre identité. C’est un sujet, un thème, un objet de culte, d’analyse, de recherche en Arts comme en Sciences. La peau touche à tout. Elle définit le contour et l'essentiel de qui nous sommes.

Ce sac, cette enveloppe, ce linceul, cet écrin, cette dépouille, cette peau d’écorché, cette peau de bête, ce bouclier, ce derme est vase, récipient, urne, vaisseau, corps, étui, coffre à livre; montre couleur et teint; c’est une limite qui est dangereux de traverser; c’est une protection; c’est le corps superficiel qui apparaît dans sa santé et sa destruction; il est le reflet de l’âge et de la beauté qui reproduit le statuaire en soi, la liaison et l’arrangement de tout, mesuré et symétrique dont la ligne ne vient nullement des profondeurs. Jackie Pigeaud 1

On y réfère constamment: À fleur de peau (irritabilité); Attraper, prendre, retenir, saisir qqn par la peau des fesses, du cul (en saisissant qqn par le derrière au dernier instant pour le forcer à prendre une direction); Avoir la mémoire dans la peau; Avoir la mort dans la peau; Avoir la peau et les os; Avoir la peau de qqn (se venger de qqn; vaincre qqn); Avoir la peau dure (très résistant); Avoir la vengeance dans la peau; Avoir le feu sous la peau (être passionné); Avoir le rythme dans la peau (savoir danser, chanter, jouer la musique); Avoir qqn dans la peau (aimer qqn avec passion); Cette femme est une peau (luxure, vice); Changer de peau; Coller à la peau (nous convenir); Coûter la peau des couilles ou des fesses (coûter très cher); Entrer dans la peau de qqn (s'identifier à qqn, se mettre à sa place); Entrer dans la peau d'un personnage (jouer avec beaucoup de conviction); Être bien dans sa peau (à l'aise); Être peau contre peau; Faire la peau à quelqu'un (le tuer); Faire peau neuve (changer de vêtements); Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuer (il ne faut pas disposer d'une chose avant d'être assuré de sa possession); Lui aller comme une seconde peau (vêtement moulant et seyant qui colle au corps); N'avoir que la peau et les os (maigreur ou pauvreté); Par la peau des dents (de justesse); Peau d'âne (diplôme); Peau de pêche (peau rose, très douce); Peau de vache (sévérité qui va jusqu'à la dureté); Peau d’orange (cellulite); Peau élastique; Peau mate (peau foncée); Peau-rouge (indien d’Amérique); Peaux mortes (petits morceaux de peau desséchée); Risquer sa peau (risquer sa vie); Se faire trouer, percer la peau (se faire tuer); Se mettre dans la peau de quelqu'un (se mettre à sa place); Tenir à sa peau (tenir à la vie); Vendre chèrement sa peau (se défendre avec énergie avant de succomber); Vieille peau (vieille personne); Y laisser sa peau (en mourir).

Et il y a la chair : Avoir la chair ferme (être en bon état); Avoir la chair fraîche (jeunesse, inexpérience, naïveté); Avoir la chair de poule (frisson); Chair à canon (soldats destinés à périr sous les armes); Chair à dame (poire); Chair à pâtés (hachées menue); Chair à saucisse (bon pour l’abattage); Chair baveuse (chair spongieuse d’une plaie qui tend à ne pas cicatriser) Chair blanche (veau, volaille); Chair de fruit (substance imbibée de sucs et cependant assez ferme du fruit); Chair fossile (vieille); Couleur de chair (rouge pâle); En chair et en os (réel); Être en chair (être en bon état); Entre cuir et chair (entre la peau et la chair); Excroissance de chair (tumeur); Grippe-chair (suppôt de police, archer); La chair de ma chair (descendance); La chair nourrit la chair (la viande est le meilleur aliment); L’esprit est prompt et la chair est faible; Le Verbe s’est fait chair (Jésus); L’œuvre de la chair (la conjonction charnelle ou son produit); L’aiguillon de la chair (péché d’impureté); Masse de chair (qui a le corps et l’esprit lourd); Ni chair ni poisson (chose indéfinie); Pester entre cuir et chair (Être mécontent sans oser le dire).

Nous y faisons aussi allusion dans le langage technologique (anglais): skin, pinch, touchscreen, cybersex…

Je me propose donc dans les semaines à venir, vous entretenir, entre autres, de la peau, de différents rapports que les humains engagent avec leur organe limitrophe:


I La peau individuelle : unique et complexe
Description, Fonctions, Dysfonctions et Transformations


II La seconde peau : distinguée, parée et armée
Cosmétiques, Masques, Perruques, Tissus & Vêtements


III La peau tertiaire : nomade, sédentaire, et solidaire
Véhicule, Habitat, Communication, Défense et Communauté