mardi 19 août 2008

La peau individuelle - Trafic et orifices II - Nombril et cordon ombilical

Le nombril du monde. L’homme au centre de tout. Esclave de son ego et asservissant autrui au service de son bien propre. Cet ego est un je qui perçois des informations, les traite ou en exprime, mais un je sans la conscience de lui-même, un je dans la négation de soi, de ses interrelations, de son interdépendance, de sa communauté, de sa pérennité, de sa mortalité. Un je comme celui d’un enfant.

Également appelé ombilic, le nombril est une cicatrice laissée au centre de la paroi abdominale où la peau est relativement immobile soit au milieu du ventre, vestige de l’orifice oblitéré du cordon ombilical qui reliait l’enfant au placenta et au corps de la mère en cours de grossesse. Il présente l'aspect d'un petit entonnoir concave ou selon, d’un petit promontoire surélevé à bords plissés. Étonnant qu’on y fasse référence pour affirmer ce qui le renie. Oublieux de son origine première, le nombril crée une attraction… Le nombril signe l’esthétisme du bikini. Le nombril figure bien au milieu de muscles abdominaux fermes et bien entraînés! Le nombril se démène dans la danse orientale du ventre. On retrouve souvent des dépôts adipeux autour du nombril. On retrouve souvent des poussières dans le nombril! Dans les liposculptures du ventre, on procède par une petite incision au nombril afin que la cicatrice ne paraisse pas. On passe par le même endroit pour les laparoscopies.

À l’origine fut le cordon ombilical. Généralement blanc et d’apparence gélatineuse. C’est à peu près ce qu’on en dit et ce que j’ai vu dans ma recherche de photos pour cet article. Jusqu’au jour de mon propre accouchement, j’ai cru que le cordon serait, tel que décrit, de la grosseur d’un fil de téléphone tout tournicoté. Mais ce fut la chose la plus étrange, la plus complexe et la plus sensée jamais vue. Je n’ai eu que quelques minutes pour l’observer et cela a laissé une impression indélébile sur moi. Le diamètre en était beaucoup plus gros que les statistiques précitées. Des veines et des canaux de toutes sortes, toutes grosseurs, une ingénierie fine, colorés bleu, mauve, orangé, rouge et jaune vif entrelacé autour d’un axe central filamenteux pulsaient avec une force qui me paraissait inouïe derrière une peau laiteuse diaphane, à l’unisson avec mon propre pouls. Il me semblait enfin pouvoir associer mon vécu intérieur avec cette chose inimaginable que j’observais goulûment et ainsi pouvoir approfondir le sens de mon expérience. Échanges à vannes grandes ouvertes, complets entre mère et enfant, issus d’une science qui dépasse tout entendement mortel… Certains n’hésitent pas à ce point à faire intervenir Dieu … Toute la splendeur de la nature émanait de notre cordon qui n’avait rien de feluette. Traversée par un fort sentiment d’humilité et émerveillée, je fus.

Le cordon ombilical se forme entre la 4ième et la 8ième semaine de l’embryon. Il comporte presque toujours trois vaisseaux sanguins dont une grosse veine et deux artères plus petites où dans un
sens, le sang vient de la mère et dans l’autre, le sang vient de l’enfant dans des échanges permanents jusqu’à la naissance : échanges nourriciers par la circulation d’éléments nutritifs tels le fer, le calcium, l’eau, les sels minéraux et autres dans le sang; échanges respiratoires par l’apport en oxygène assuré toujours par la circulation sanguine de la mère; et une fonction d’excrétion de dioxyde de carbone et autres déchets provenant de la circulation sanguine du bébé. Et je crois fermement qu’il y a plus encore tels les besoins nutritifs du bébé qui se transforment soudainement en pulsion alimentaire chez la mère. Cela va au-delà de la fonction décrite d’un échange d’aliment par un simple canal. Les vaisseaux du cordon sont entourés d'un tissu conjonctif qui les protège, appelé la gelée de Wharton, et d’une membrane embryonnaire transparente qui recouvre le tout. Lorsque nécessaire, dès la 19e semaine in utero, afin d’éviter une prise de sang directe sur l’enfant, il est possible par l'intermédiaire de la veine du cordon d’obtenir un échantillon sanguin. Ce dernier nous renseigne sur certains retards de croissance, la mesure de l'oxygénation du fœtus, mais aussi le diagnostic et le traitement de certaines anémies ou de déficits immunitaires du bébé, et même la compatibilité avec un frère ou une sœur lorsque ce ou cette dernier(e) souffre d'une maladie sanguine (leucémie, aplasie médullaire, etc.).

Normalement, le cordon flotte librement dans le liquide amniotique qui le protège. Il est relié au placenta qui est relié à la paroi utérine par lequel est servi un «buffet» ouvert à tout moment de jour comme de nuit. Il arrive au cours de la gestation que le bébé fasse de multiples sauts périlleux avant-arrière et autant de cabrioles; il peut s’appuyer sur le cordon avec ses pieds; le porter comme une écharpe, une bretelle, une ceinture ou même un bracelet; ou encore le prendre dans une main, une ou plusieurs fois par jour. Il peut se retrouver avec son cordon disposé comme un
collier avec plusieurs rangs autour de son cou ou encore l’avoir coincé dans les parties intimes. Il est commun de trouver les nouveau-nés dans ces postures, ce qui peut parfois constituer des difficultés lors de la mise à bas. Pour cause, il peut arriver que le rythme cardiaque puisse être altéré si le cordon est encombré. Ou encore, lors de l'engagement dans le canal vaginal, l'alimentation sanguine du bébé peut être moins bonne, et une césarienne doit parfois être envisagée. Malgré tout, le cordon continue d’assurer les échanges indispensables car, sa consistance est ferme et bien tonique. Au terme de la grossesse, le cordon ombilical mesure en moyenne 2 cm de diamètre et 55 cm de long, il peut être plus court, mais souvent il est plus long. L’homme a bien tenté de reproduire la fonctionnalité du cordon ombilical en concevant le scaphandre et la tenue de l’astronaute avec ses tuyaux d’alimentation en oxygène et leur rapport à l’apesanteur.

À la naissance un peu de sang est prélevé sur le cordon afin de déterminer le groupe sanguin du bébé et de pratiquer des analyses bactériologiques, permettant de vérifier l'absence d'infection. Une légère controverse existe sur la longévité du cordon ombilical après la venue au monde. Certains pensent qu’il cesse d’assurer ses fonctions dès la première inspiration du bébé et qu’il faille craindre les reflux sanguins qui pourraient se transformer en hémorragie chez la mère si on ne le coupait pas dès que l’enfant est dégagé. Il existe aussi l’impératif, dans le cas des mères consentantes, de préserver le cordon pour ses cellules souches, responsables de la fabrication
des globules rouges, globules blancs et des plaquettes pouvant servir à des traitements ou transplantations salvatrices où le sang joue un rôle primordial. Le cordon ombilical fut longuement considéré comme un déchet biologique. Les cellules-souches font figure maintenant de ressource collective du fait qu’elles présentent l'énorme avantage de provoquer moins de rejet lors de transplantation et de se multiplier dix à vingt fois plus vite que les cellules de la moelle osseuse. Des banques se sont constituées cherchant à en fournir un approvisionnement de qualité optimale aux nécessiteux. Le sang de cordon est prélevé après la naissance de l’enfant, du cordon ombilical une fois sectionné. L’attention au moment de la naissance donc peut être concentrée prioritairement sur la survie de ce matériel vivant. D’autres pensent que le fait de couper le cordon ombilical alors que l’enfant est à peine sorti du ventre de sa mère est un acte d’une grande cruauté et qu’il faudrait en fait conserver intact le cordon, tant et aussi longtemps qu’il bat afin que l’enfant profite au maximum des échanges sanguins essentiels pour son énergie et son immunité. Mais tôt ou tard, on doit assurer l’interruption de la circulation sanguine par l’apposition de deux pinces entre lesquelles on coupe le cordon ombilical sans risque et sans aucune douleur. Dans la vie extra-utérine, le nouveau-né doit assumer par lui-même ses fonctions vitales et le cordon ombilical devenir obsolète. C’est un grand choc la dissociation pour l’autonomie!

Le cordon ombilical commence à se dessécher deux heures après la naissance, puis il se racornit et noircit après deux ou trois jours. La chute du cordon ombilical survient entre le 7ième et le 20ième jour suivant la naissance mais il arrive que cela puisse prendre jusqu’à 1 mois. À cause de la proximité des vaisseaux sanguins contenus dans le cordon et de leur exposition à l'air, le cordon représente une des principales voies de pénétration pour les bactéries. Pour ces raisons, un soin particulier doit toujours être prévu pour que le nombril demeure propre et sec.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour,

A ma naissance je possédé 4 vaisseaux sanguins à mon cordon, ce qui a affolé les soeur de la maternité et mes parents car elles ont refusé de me présenter à ma mère avant plusieurs heures, le temps de voir avec le médecin.
Qu'est ce que çà signifié le fait d'en avoir 4?
Auriez vous une réponse à cela?

DANOU pour les intimes a dit...

L'artère ombilical unique et la double veine ombilicale sont des anomalies isolées du cordon ombilical du foetus
et sont sans aucune conséquence à la naissance. La première survient dans 0,7% à 1% des naissances et la seconde est beaucoup plus rare.
;o)