jeudi 5 juillet 2007

Auteurs marquants I

Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas une fan par nature. Mais, au cours des lectures de ma vie, certains auteurs ont retenu mon attention de manière plus assidue que d'autres.


HONORÉ DE BALZAC fut le premier auteur littéraire dont je lû presque toute l'oeuvre (1,2,3,4,5,6,7). J'étais au secondaire. Il ne plaisait pas beaucoup à mes copines car ses descriptions étaient longues, détaillées, autant à propos de ce qui anime l'âme que du détail de la tapisserie. Il décrivait les rapports des gens de différentes couches de société d'une époque passée, de la vieille Europe, les rapports financiers, légaux, sexuels, religieux. Il soulignait les bons et les mauvais tours du destin. Il tardait à dénouer les intrigues, amenant parfois les lecteurs aux limites ... de l'ennui, mais peut-être est-ce là qu'un fait de notre temps impatient. Pour ma part, je trouvais qu'il ébauchait une vue d'ensemble des moeurs et des relations entre les personnes propre à une certaine époque. Ce regard était organisé, peaufiné par chacun de ses détails. Je n'osais imaginer comment on pouvait poser un regard sur quelque chose avec autant de conscience, mais il me démontrait que c'était possible. Sa magie, à chaque fois, jetait son dévolu dans les dernières pages. Après avoir été exposée à tant de minutie, d'une seule phrase, les contextes physiques, spirituels, les émotions pures et complexes, tragiques de la vie, témoignages de la comédie humaine prenaient vie. Tout soudainement trouvait son sens, avec une puissance translucide. Cette écriture qui recréait la société libertine et austère, tentait de jauger, de questionner, de remettre en question, de dépeindre la valeur du bien et du mal, et ses vacuums. Bien que j'ai dévoré tous les livres de La Comédie humaine, c'est Le lys dans la vallée que j'ai relu le plus souvent. Le tragique de la communication qui ne trouve pas son chemin.


EDGAR ALLAN POE savait donner le ton au lugubre (1,2,3,4,5,6,7,8). Je me rappelle, entre autres, d'un singe et d'un homme mort caché dans la cheminée. J'ai lu plusieurs de ses textes, romans, mais rien de sa poésie. Hormis Beaudelaire et Les fleurs du mal, je n'ai à peu près jamais lu de poésie. J'en écrivais par contre à l'adolescence... mais bon. Ce sont les Aventures d'Arthur Gordon Pym qui restent gravées dans ma mémoire. J'ai toujours aimé la mer et les récits de pirates. Celui-ci finit mal. Mais que d'aventures avant cette fin désespérante. Je crois que j'ai toujours aimé l'horreur, pas parce que c'est sadique, mais parce que cela crie de vérité. Il y a des vérités qui nous horripilent tout simplement, des vérités que l'on préfère pas voir. Son regard se posait sur le destin d'un homme. Sur le destin parfois ironique, grotesque, aléatoire d'un homme. De l'homme aux prises avec lui-même, comme avec les éléments.


AGATHA CHRISTIE. Comme le chocolat. On gobe, ça fond et on recommence sans pouvoir s'arrêter. J'ai toujours apprécié le défi qu'elle nous lançait en créant une situation criminelle peu probable pour la délier à travers des comportements et séries d'événements expliqués de manière très plausible (1,2,3,4,5,6). À cause du défi, l'exercice était toujours de deviner la fin avant la fin. Peuchère. Miss Marple et les rumeurs. Poirot et l'égo déductif. J'ai beau relire, je me fais prendre à chaque fois. Il existe même un Jeu de meurtres et mystères basé sur une de ses histoires. Sa vie, telle que décrite dans son autobiographie, fut tout aussi intéressante, moins sanglante peut-être.


STEPHEN KING/RICHARD BACHMAN a un visage inquiétant. Une imagination débordante, animiste. Il fut inspiré entre autres par Balzac et Edgar Allan Poe (1,2,3,4,5,6,7). J'ai lu assidûment tout ce qu'il publiait pendant plusieurs années. Puis, j'ai cessé. Je n'aimais pas ses fins. Je n'aime pas les relations entre ses protagonistes. Désincarnés. Cela ne crée pas l'horreur en moi mais le désintérêt. Car c'est vide. Pas un vide angoissant, vivant. Juste vide. Le vide dans la vie c'est angoissant si ce n'est pas zen. Mais ce n'est pas rien. Par contre, je trouvais toujours ses prémisses intéressantes. Et j'admire le fait qu'il a créé une société dont les protagonistes se croisent de romans en romans. Le hic, c'est de penser que dans une si petite communauté il se passe autant de choses effrayantes... Cela devient peu crédible à la longue. On songe plutôt que le déséquilibre vient de lui! Les livres qui m'ont le plus impressionnée furent It, Needful things, The green mile, et The Tommyknockers.


CLIVE BARKER m'a rapidement fait oublié Stephen King (1,2,3,4,5,6,7,8). J'ai commencé par un excellent roman: Weaveworld. Après, il a su créer de nouveaux mondes dans de nouveaux livres tels The great and secret show and Imajica. Des mondes inventés, des suspenses étranges. Enfin, de l'improbable imaginatif hautement organisé. Mais chez lui, ce n'est pas une spécialité nécessairement. Je reste sur ma faim car je le trouve quelque peu dispersé depuis qu'il a fait sa sortie en tant qu'homosexuel et il a l'air plus fatigué. Il est mieux connu pour de l'horreur pure: Hellraiser.


HENNING MANKELL. J'ai découvert ce dernier, il y a quelques années par les nouveautés à la bibliothèque de mon quartier (1,2,3,4,5). Inspecteur Wallender est un policier de carrière, un peu fatigué, en questionnement, qui a du flair, mais qui est rongé par ses propres démons intérieurs. Personnage qui vit des complexités, des situations très terre à terre tels les changements de style administratif au sein de la police, l'éventualité et le passage à la retraite, la mort de son père, son divorce, l'éloignement de son amante, les allées et venues de sa fille. D'un roman à l'autre on suit la vie de Wallender et non pas seulement ses enquêtes. Pas un personnage heureux, mais un personnage humain qui vit sa solitude. Mentalement, l'image que je me faisais de Wallander ressemble étrangement à son auteur!


KATHY REICHS, d'une plume franche et claire, directe comme une incision de scalpel, crée ses scénarios de romans policiers à partir de son expérience d'anthropologue judiciaire (1,2,3,4,5,6). Ce qu'il y a de particulièrement intéressant, c'est que souvent l'action se passe en partie à Montréal. Les descriptifs évoquent des coins et des racoins de ma ville vus ou visités tant de fois. C'est toute une expérience de retrouver son paysage urbain de cette manière! De plus, on apprend toujours un peu plus sur les techniques d'investigation, qui me donne au moins l'impression de ne pas perdre mon temps même en rêvassant! Elle est un peu collet monté, mais cela se pardonne...


NEAL STEPHENSON. C'est mon british de beau-fiston qui m'a présenté Quicksilver, le premier volume d'une trilogie (The Baroque Cycle, 2003-2004)de 1,000 pages (1,2,3,4,5,6,7,8). Et je lui en suis fort reconnaissante. J'ai découvert un auteur érudit, très imaginatif. ÉRUDIT je dis! Les premières cent pages: pure philosophie des sciences. J'avais peine à suivre. Mais une fois ces pages traversées, que du bonbon. Omniscience, mathématiques, légendes, avènement du traitement de l'information, architecture, organisation de société, nature des alliances sanguines de la royauté, alliances politiques et religieuses, rogues et pirates, inventeurs et inventions, marché mondial et naissance de l'or monneyable, géographie, romance et aventure... Je lui dois enfin d'avoir une vision fondamentale des bases de notre monde, avec un sens de l'humour subtil et mordant. Une poignée de personnages historiques et inventés retraçent l'histoire sans trop trahir son actualité ni sa vérité, bien ancrée dans son déroulement, avec une liberté fort crédible. Après cette trilogie, j'ai lu du même auteur un roman sur le développement de la cryptologie (Cryptonomicon, 1999) et pure science-fiction (The Diamond age or A young lady's illustrated primer, 1995) toujours extrêmement détaillés et bien imbriqués. Découvrez-le, il vaut le tournant. Même fil d'Ariane ici que pour chacune de mes lectures néanmoins de manière plus hyperréaliste: un regard qui embrasse le monde entier dans son mouvement, ce qui me charme tant.

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