mercredi 30 mai 2007

Tango - La danse I

Au milieu du 19e siècle, la mise en place d'une politique d'immigration a vu la population d'Argentine septupler. Rapidement, il n'y eu plus de terres pour ces nouveaux arrivants: Italiens (50%), Espagnols (30%), Français (10%), Anglais (2%), quelques noyaux d'Europe centrale, et des Juifs. À la même époque, afin de répondre à des enjeux internationaux pressants, les grandes entreprises européennes s'implantèrent dans la culture économique et sociale. À Buenos Aires, mégapole improvisée, on peut imaginer la polyphonie des langues parlées, d'accents divers, de coutumes et traditions populaires importées, traduites, oubliées ou regrettées. C'est à la même époque qu'on attribue la naissance du tango. Syntaxe hispanique, tournures de phrases et intonation à l'italienne, vocabulaire d'origine quetchoua. Dans cette musique, tout est dit et raconté sur la vie affective et quotidienne sauf la nostalgie du pays, comme si un interdit venait frapper, interdit d'évoquer ce qui est perdu. Le tango c'est une étreinte entre immigrants de diverses origines, c'est une érotisation où la valeur de la parole défaille puisque confronté à un composite cacophonique de plusieurs langues. Sans racines, pareils dans le silence, sur une nouvelle terre et en quête d'aimer dans le moment présent.

Le tango est mouvement, entre amour et trahison, colère et mélancolie, un éternel jeu de cache-cache amoureux, ou une corrida tauromachiste de corps tendus au sommet de l'ivresse musicale, mais surtout un langage qui restitue toute l'énergie dévorante des émotions faces à l’abandon, l'amour, le désir, le crime, la tragédie, la peur, la colère, la douleur, le manque, l'humour, l'oubli, la pauvreté, la prison, la frustration, la société et la politique… Le tango est le cheminement d'un deuil, entre la vie, TANGO ROUGE, et la mort, TANGO NOIR. Du moins, c'est l'expression d'un changement, celui des émotions qui foisonnent en nous parce que nouvelles, bousculées ou conflictuelles. Le tango est passion lorsque deux univers en mouvement se rencontrent, s'inspirent, s'aspirent, se répondent, se conjugent et s'imbriquent avec synchronicité.

Le tango, c'est un dialogue muet, une communication étroite entre un homme et une femme. L'homme conduit par de légères pressions et inflexions tout en gardant le torse droit et dégagé, la femme répond par son corps sans un mot dit mais ne succombe pas, elle doit garder une résistance afin de maintenir la symétrie, l'équilibre du couple. Elle déploie toute sa liberté dans le jeu de jambes ou de bras à la sortie de chaque mouvement, ou est-ce de l'attisement par ses effleurements dans l'élan qui se calme ou qui se recharge. Cela demande de l'ouverture, une écoute et un ressenti qui exhume une sensualité à fleur de peau. Partage d'une grande intimité, l'espace d'un moment, sans savoir si demain sera.

Le tango aujourd'hui c'est une culture, une didactique partagée aux quatre coins de la terre.

CARLOS GAVITO y MARSELA DURAN

Pour des renseignements généraux et locaux au Québec, le Portail Québécois du Tango; Le Tango à Montréal de Fabrice Hartem; Tango Québec, Tango Libre et Salsapaca. Ailleurs dans le monde, parmi des milliers de sites, ceux-là: Éloge du Tango, Électro Tango, Tango-Eric-Danse, Tango, Le Tango Argentin, Voilà NewYork.

Aucun commentaire: