mardi 1 mai 2007

Adagio

J'ai vu cette toile Adagio, il y a plusieurs années déjà, en 1989, dans la vitrine d'un marchand d'art de Westmount. Elle est d'un peintre auto-didacte très prolifique: André R. Lussier. Elle a été vendue à la maintenant défunte Corporation Peerless. J'ignore ce qui en est advenu depuis la dissolution de ce mécène des arts. J'ai été sidérée sur place en la voyant. Une huile 40¨ x 48¨, grandiose. Si quelqu'un devait tenter de saisir l'essence de mon propre esprit, je ne voyais de meilleure manière de le transposer en image. Il avait dû y avoir eu une forme d'échange onirique entre moi et son peintre. Mon coeur battait la chamade, j'en tremblais. Un coup de foudre passionnel.

La richesse des symboles que j'y relève ont certes à voir avec mon engouement. L'ensemble, l'atmosphère qu'on y trouve par ses couleurs riches tels la fraîcheur d'un sous-bois ombragé exultant d'humidité suggéré par la flore tropicale, et les grandes aires lumineuses, chaudes et arides dans leur dénudement, scène matinale ou de fin de journée (mes temps favoris du jour qui incitent à l'action), la proximité en avant-plan de tous les personnages, leur formes, leur naïveté, la nature en composite exotique et la profondeur marquée par un château des milles et une nuits au loin, tout cela résonne dans mon intimité profonde. Je n'entend qu'une seule chose: c'est de moi, de ma vie tout en contraste qu'il s'agit ici.

La fixité des chevaux de bronze, verdâtres par le temps passé, figés au galop et en plein fôlatrement; le flottement de la jeune femme qui effleurent ceux-ci dans son sommeil; le cri du coq majestueux éveillé et énergique, pour moi représentent trois générations. Sous moi, le passé: mes parents et ma soeur (ça fait trois), dépictant jusqu'à la proximité entre ma mère et ma soeur, des êtres figés dans un manière de vivre qui simule une évolution de rhythme différent; moi au centre, bien vivante mais plongée et portée dans et par le monde du rêve; et au-dessus de moi, mon enfant, ma fille (dont le signe chinois est coq) debout sur mes entrailles, s'exprimant avec force et vitalité, appelant à l'éveil.

Je suis retournée régulièrement voir les toiles de ce peintre à cette époque. Il en produisait de nouvelles chaque semaine ou presque. Aucune autre n'a jamais autant retenu mon attention. Il avait découvert la couleur de manière soudaine. Toute sa vie, il avait peint des milliers de scènes de sous-bois en noir et blanc, gris, bruns, sombres. Et un jour, une explosion de couleur et une effluve d'objets fétiches, de fruits, de courges, de chiens sont apparus, de nulle part, du moins l'histoire que j'ai colligé ne dit pas d'où. J'ai bien tenté d'en savoir plus long, son représentant avait exprimé qu'il était jaloux de sa vie privée, et ne semblait surtout pas attaché à ses oeuvres.

C'est ainsi que j'aime l'Art, quand il m'interpelle, quand sa représentation est empreinte de sens pour moi, nonobstant sa raison d'exister, ou sa propre histoire. Ainsi, passionnément, je palpite pour lui. C'est l'unique motivateur à ce jour qui me pousserais à devenir acquéreur. Un jour, si je trouve les moyens financiers et habite un espace qui me permette de l'abriter, je la chercherai cette toile.

3 commentaires:

Angelface1953 a dit...

Bonjour, je suis tombée sur votre page par hasard, mais quel heureux hasard. J'ai vu cette toile et d'autres toiles de ce merveilleux peintre à la galerie Westmount dans les années 1994-1995 je crois. Je suis à la recherche de ce peintre car à l'époque je voulais acheter une de ses toiles qui a malheureusement été vendue avant que je puisse le faire. Un ami a cependant pu avoir une photo de la dite toile qui est depuis dans ma chambre. On m'avait dit qu'il habitait dans le coin de chateauguay, il y avait plusieurs arbres fruitiers dont des pommiers, sur son terrain. Il s'inspirait de son épouse pour faire ses toiles m'a-t-on aussi dit. Je sais que ses toiles sont de plus en plus rares, car même ici à Québec ils n'ont plus de ses toiles et les gens ne le connaissent pas. Si jamais vous apprenez ou le contacter, j'aimerais beaucoup lui parler pour avoir la chance de posséder une de ses toiles aussi.
merci beaucoup
Christiane

DANOU pour les intimes a dit...

Il aurait fallu me laisser vos coordonnées. J'ai une piste. Juste me revenir sur la question en laissant une adresse où vous répondre... ;o)

Angelface1953 a dit...

Bonjour Danou,
désolée de ne pas être revenue avant, vous savez des fois on écrit à des gens et ils ne nous reviennent pas alors aujourd'hui en faisant une recherche je suis tombée sur votre page et vous aviez répondu. Je vous laisse mon courriel ou vous pourrez me rejoindre, car je n'aime pas laisser mes coordonnées ou les gens ont accès. Merci beaucoup de votre gentillesse
Christiane
c_deschenes@hotmail.com